L’Office français de la biodiversité et de la chasse sera le nouvel organisme qui regroupera toutes les instances de protection de la faune et de la flore. Le texte du gouvernement créant l’Office n’était déjà pas satisfaisant, mais les amendements du Sénat votés les 11 et 12 avril, modifient de façon inquiétante le texte initial discuté à l’assemblée en janvier dernier.
Les amendements changent en effet totalement la donne puisqu’ils mettent la biodiversité sous le contrôle… des chasseurs. Ainsi, les fédérations de chasse pourraient se voir confier la gestion de réserves naturelles nationales, et des réserves nationales de la chasse et de la faune sauvage qui, aujourd’hui, sont sous la responsabilité de l’État. De plus, les zones censées permettre à la faune de se reconstituer passerait de 10 % à 5 % de la superficie du territoire.
Retour en arrière considérable
En outre, non seulement les chasseurs obtiendraient des dérogations de chasse (oies migratrices), mais seules six espèces d’oiseaux seraient concernées par la « gestion adaptative », gestion qui permet de conditionner le nombre de « prélèvements » à l’état de conservation de l’espèce. Or, sur les 64 espèces d’oiseaux chassées, 18 figurent sur une liste rouge au niveau international. Et, pour finir, les espèces protégées pourraient être chassées si les chasseurs estiment que leurs effectifs sont suffisants ! Ce serait un retour en arrière considérable et une remise en cause de la loi de protection de la nature de 1976. On en reviendrait à avant Giscard d’Estaing…
Plume sur le chapeau, les modes de chasse traditionnels (glu, étranglement, écrasement des oiseaux…) entreraient dans le « patrimoine cynégétique national ». Manque plus que Stéphane Bern au tableau (de chasse).
La répression allant bon train en cette période jaune, le Sénat veut instaurer un délit d’entrave à l’action de chasse, puni de un an d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.
De son côté, la Fédération nationale des chasseurs recevra un fonds de la part de l’État ou de l’Office français de la biodiversité (donc de l’argent public) de 10 euros par permis de chasse, soit au moins 10 millions d’euros pour conduire des actions en faveur de la biodiversité dont seuls les chasseurs auront la maîtrise.
Des dizaines d’associations de protection de la nature et des animaux ont co-signé un texte commun pour demander au gouvernement d’en revenir au consensus obtenu en première lecture à l’Assemblée nationale dans lequel elles dénoncent notamment « le nombre de cadeaux indécents abandonnés au monde de la chasse, notamment fiscaux, [qui] marqueraient un recul historique de la protection de la nature en France ». Le NPA leur apporte son soutien.
Commission nationale écologie