Publié le Mardi 8 juillet 2025 à 12h56.

Une Turboteuf réussie contre l’A69

Le 27 février 2024, le tribunal administratif de Toulouse suspendait l’arrêté préfectoral autorisant la destruction d’espèces protégées. Faute d’intérêt public majeur, les juges déclaraient l’autoroute Castres-Toulouse illégale : une victoire juridique primordiale pour les opposantEs.

Mais le ministère de l’Aménagement du territoire et de la Transition écologique déposait un recours en sursis à exécution qui permet à la Cour administrative d’appel (CAA) d’autoriser la reprise des travaux dès le 28 mai, sans attendre l’issue du jugement sur le fond. Les parlementaires locaux prenaient l’initiative d’une proposition de loi pour valider rétroactivement les autorisations environnementales annulées par la Justice. Ces manœuvres scandaleuses sont une atteinte directe à l’indépendance de la Justice et à l’État de droit.

La mafia de l’A69 à l’œuvre

Cette semaine, encouragés par la politique écocidaire du gouvernement, les pros autoroute ont franchi plusieurs lignes rouges : ils ont dénoncé publiquement et nominativement plusieurs opposantEs ; ils ont saboté le système d’irrigation d’un paysan. Si trois d’entre eux ont fait l’objet d’une garde à vue, qu’en est-il de leurs commanditaires ?

La préfecture du Tarn relayée par la Dépêche – journal acquis à l’A69 et aux laboratoires Fabre – a mené une intense campagne, interdisant tout rassemblement et mobilisant près de 1500 policiers et gendarmes lourdement équipés.

Carole Delga, présidente PS de la région Occitanie, interviewée dans Mediapart a soutenu qu’aujourd’hui « il n’y a pas d’autres alternatives » que l’autoroute. Elle ignore toutes les possibilités d’aménagement de la nationale et de modernisation de la voie ferrée.

La lutte n’est pas finie

La Turboteuf du 5 juillet était l’occasion de faire le point sur la lutte, d’envisager les perspectives de mobilisation contre la reprise du chantier. De rappeler que plusieurs actions judiciaires sont en cours, en particulier le recours sur le fond devant la CAA de Toulouse dont la décision est attendue pour la fin de l’année.

Dans le domaine privé d’un château menacé par le chantier de l’autoroute, près de 2000 personnes ont participé à des ateliers de discussion, et aux différents moments festifs (animés par plusieurs fanfares et batucadas). Le samedi soir, sur le thème du « Carnaval des Possibles », un gros millier de manifestantEs se sont déployés aux abords du chantier sur la nationale voisine, pour en marquer symboliquement l’importance. Les forces de l’ordre très présentes et super équipées nous ont empêchés d‘aller plus loin.

Une lutte qui comptera

La mobilisation sur le terrain et dans les tribunaux a permis de retarder de plusieurs mois un chantier inutile et anachronique. Les collectifs opposants ont réussi à faire entendre à la justice administrative que la raison impérative d’intérêt public majeur ne devait pas être un sésame pour tous les grands projets industriels. Nous avons mis en évidence la contradiction entre l’obstination des pouvoirs publics et des entreprises à poursuivre la construction d’infrastructures et les exigences de l’urgence environnementale. Ce combat inspirera d’autres luttes, contre des grands projets inutiles et imposés.

Nous devons enterrer définitivement l’A69

Lors du rassemblement, de multiples pistes d’action ont été proposées et discutées. Illégale, illégitime et écocidaire, l’A69 ne doit pas se faire : il n’est pas question de laisser continuer un projet qui menace des terres agricoles et des zones humides, qui multiplie les atteintes à la biodiversité. Un projet opposé aux modes de transports respectueux du vivant.

Parce qu’elle est le symbole d’un monde livré au béton et aux profits, aveugle à l’urgence climatique, nous enterrerons l’A69 en combinant – comme nous l’avons fait depuis plusieurs années – toutes les modalités de lutte : manifestations de masse, occupations des arbres et des sols, actions de désobéissance civile, démarches juridiques, mobilisation des éluEs de notre camp…

Dominique