En apparence, tout rentre dans l’ordre, les barrages sont levés, la mobilisation des agriculteurs est terminée. Est-ce à dire les paysanNEs qui ont du mal à vivre de leur travail vont voir leur situation s’améliorer ?
Jeudi 1er février, le discours d’Attal à peine terminé, la FNSEA (et les Jeunes Agriculteurs) ont appelé les agriculteurs à « rentrer dans les fermes ». Les représentants des intérêts de l’agriculture productiviste ont de quoi être satisfaits.
FNSEA : 1 ; biodiversité : 0
Le Premier ministre a annoncé la « mise en pause » du plan Écophyto — programme de réduction des pesticides lancé en 2008. La veille, il avait obtenu de la Commission européenne la dérogation sur les 4 % de terres agricoles en jachère (subvention de la PAC pour laisser des terres au repos). Quelques jours plus tôt, il avait placé les agents de l’Office français de la biodiversité sous la tutelle des préfets. Autant de revendications de la FNSEA. Autant de mauvais coups contre la biodiversité !
Rien n’est réglé
Les réponses du gouvernement se situent entièrement et exclusivement sur le terrain de la FNSEA, celui de la destruction du droit de l’environnement sous la bannière de la suppression des normes et des contrôles, loin des causes profondes du désespoir des paysanNEs. Comme le constate la Confédération paysanne, qui appelle à continuer le mouvement : « Rien pour garantir le revenu [...] rien de concret pour garantir des prix rémunérateurs et une PAC plus juste [...]. Rien non plus sur la sortie des accords de libre-échange, ni sur une loi EGALIM efficace ».
Le combat pour une agriculture permettant à des paysanNEs et des salariéEs, nombreuxEs, de vivre bien de leur travail est devant nous. Il rejoint celui pour l’accès à une nourriture saine pour toutEs, comme les luttes contre l’appropriation de l’eau et l’artificialisation des terres, contre leur empoisonnement par les pesticides et engrais chimiques… Les déclarations syndicales, les actions des mouvements et associations écologistes sont très importantes pour faire front contre l’agro-industrie, contre les politiques néolibérales et pour contrer l’offensive menée par l’extrême droite.
Au plan politique
Les politiques néolibérales sont soutenues par la droite comme par l’extrême droite. En novembre 2021, alors que LFI, PS et EÉLV s’y sont unanimement opposés, les députéEs RN, Républicains et Renaissance (moins un) ont tous voté pour la nouvelle PAC. Ces choix politiques provoquent des catastrophes sociales, humaines et écologiques toujours plus graves auxquelles répondent des révoltes, mais faute d’alternatives émancipatrices porteuses de justice sociale et écologique suffisamment audibles, les courants d’extrême droite y occupent une place importante et en usurpent le bénéfice politique.
Ce nouvel épisode montre l’urgence criante d’une perspective écosocialiste articulant mesures d’urgence et projet de société désirable, d’un outil politique unitaire, radical et démocratique pour la porter.