La taxe carbone fait flop et ne sera pas mise en place au 1er juillet, la défaite aux régionales ayant incité Sarkozy à changer de cap. Contrairement aux allégations gouvernementales, le problème ne réside pas dans l’absence d’une taxe carbone au niveau européen, puisque d’autres pays l’ont déjà mise en place. Mais on peut lire dans cette décision les contradictions de l’écologie à la sauce UMP et constater le poids des lobbies industriels. Le retrait du projet de taxe carbone est avant tout une bonne nouvelle pour les contribuables et les salariés sur qui elle devait largement reposer, tandis que nombre d’entreprises pouvaient être exonérées. Mais c’est aussi une nouvelle manifestation du frein mis à toute politique environnementaliste.
Le Grenelle de l’environnement avait lancé en grande pompe l’écologie libérale, mais c’est encore trop pour la droite. Au salon de l’agriculture Sarkozy avait annoncé la couleur déclarant à propos des questions d’environnement que ça commençait à bien faire. Quelques semaines plus tôt, Copenhague avait illustré l’incapacité du gouvernement français, autant que celui des autres États européens ou états-uniens, à prendre les engagements nécessaires face à la crise climatique. Concurrence et productivisme continuant de régner en maîtres, rien n’a avancé depuis et les négociations internationales sont au point mort. La taxe carbone retirée, les problèmes restent entiers. Les dernières déclarations de Sarkozy sur la relance industrielle de la France montrent bien qu’aucun changement de cap n’est prévu.
Pourtant, en matière énergétique ou de transports, par exemple, la mise en place de nouveaux services publics pour soustraire les ressources aux appétits des spéculateurs et répondre aux besoins de la population nécessite des plans ambitieux, avec un budget conséquent grâce à la taxation des profits des entreprises, notamment les plus polluantes. Il reste à construire les mobilisations pour la justice climatique, dont le sommet de Cochabamba (à partir du 19 avril), à l’appel du président bolivien Evo Morales, est une échéance primordiale.