Publié le Jeudi 14 décembre 2023 à 16h00.

Lafarge criminel climatique

Comme l’indique le philosophe Anselm Jappe, le béton est une « arme de construction massive du capitalisme ». Il joue un rôle central dans sa logique d’accumulation : construction d’autoroutes, de centrales nucléaires, de 80 % des bâtiments en France…

Entre 2009 et 2019, l’équivalent de la superficie du département du Rhône a été bétonnée, l’industrie du béton pillant au passage les ressources naturelles de sable, occasionnant ainsi une énorme pression sur les écosystèmes.

Activité de cimenterie de Lafage en Syrie pendant la guerre

Filiale du Groupe Holcim, leader mondial des matériaux de construction, Lafarge compte 470 sites industriels en France. Si sa communication vante son engagement dans l’économie circulaire et les nouveaux bétons bas carbone, c’est pour faire oublier que l’industrie du béton représente 8 % des émissions de CO₂ mondiales et que tous les coups sont permis pour le profit !

La Cour de cassation rendra sa décision le 16 janvier 2024, sur les mises en examen de Lafarge pour complicité de crimes contre l’humanité et mise en danger de la vie d’autrui de ses salariéEs en Syrie, que l’entreprise conteste toujours. Celle-ci, plaidant coupable, a accepté de payer 778 millions de dollars d’amendes aux États-Unis, pour avoir fourni un soutien matériel et financier à l’État islamique et au Front al-Nosra, dans le nord de la Syrie, afin de maintenir l’activité d’une cimenterie alors que le pays s’enfonçait dans la guerre en 2013. 

La fête au béton

« D’une même voix, nous voulons porter un message clair : le règne de Lafarge-Holcim et des autres conglomérats du béton n’est plus une fatalité [...], d’autres manières de construire et d’habiter le monde sont possibles », détaillent dans leur communiqué les Soulèvements de la Terre. 

Un an après l’intervention d’activistes écologistes dans une cimenterie Lafarge à Marseille, l’entreprise a été ciblée avec créativité et détermination. Ce sont plus de 150 actions, parfois en lien avec des luttes locales, qui ont visé l’industrie du ciment et du béton les 9 et 10 décembre : rassemblements devant les centrales à béton ou introduction surprise de nuit et « désarmement », comme à Val-de-Reuil dans l’Eure, manifestations (2 000 personnes près de Castres contre l’A69), illumination d’un pont pendant la fête des lumières à Lyon, ravalement de façade d’un site en plein Paris... La solidarité avec les militantEs inculpéEs a été partout réaffirmée.

Sans nul doute, la résistance se propage pour dénoncer, non sans humour, cette industrie mortifère de l’ancien monde.