Depuis plusieurs mois, la situation sociale est très tendue en Bretagne. La crise de l’agroalimentaire et les milliers de licenciements ordonnés par de grands groupes aux profits insolents s’ajoutent aux pressions qui pèsent sur les petits paysans et artisans pêcheurs. Plusieurs manifestations ont eu lieu.
En plus des licenciements, l’écotaxe, décidée par la droite lors du Grenelle de l’environnement et que le gouvernement Hollande-Ayrault avait décidé d’appliquer, cristallise le mécontentement d’une partie de la population contre l’augmentation des impôts et des taxes qui touchent en premier lieu les plus défavorisés. En organisant des manifestations contre cette taxe inefficace, le patronat défend ses bénéfices mais cherche surtout à détourner l’attention de ses responsabilités dans la casse de l’emploi. Droite et extrême droite ne sont pas en reste. Mais la révolte qui secoue la Bretagne exprime une exaspération plus profonde contre l’injustice sociale. Elle prend aussi ses racines dans le sentiment qu’une région entière, excentrée et délaissée, subit les politiques menées à Paris ou à Bruxelles, méprisant l’avis des populations concernées.
En annonçant ce mardi, la suspension sine die de cette taxe dans tout le pays, le gouvernement ne règle pas la crise qui le ronge mais amplifie sa déroute. Mesure après mesure, il cède aux injonctions des nantis sans répondre aux aspirations et revendications populaires. Le discours réactionnaire contre les immigrés et les Roms, leurs expulsions, n’empêchent pas l’électorat de gauche de l’abandonner, et favorise la progression du Front national.Le gouvernement a reculé devant une mobilisation qui apparaît comme celle de toute une région en colère. Pour ne pas laisser le terrain aux forces qui veulent instrumentaliser cette révolte au profit du patronat, de la droite et de l’extrême droite, il appartient au mouvement ouvrier, tout en étant solidaire de la colère bretonne, d’organiser la lutte contre la politique antisociale, pour l’interdiction des licenciements et la hausse des salaires, contre les expulsions, c’est-à-dire pour construire une alternative sociale et imposer une autre politique qui s’en prenne aux intérêts des classes dominantes.
Côme Pierron