Publié le Mercredi 29 mai 2024 à 15h08.

Libérez les berges de la Seine du béton : stop Greendock, stop répression !

Samedi 25 mai, à l’appel des Soulèvements de la terre, avec une quinzaine d’associations, syndicats et collectifs, plus de 2 000 personnes ont marché de Gennevilliers à L’Île Saint-Denis contre le projet Greendock : entrepôt de logistique géant sur les bords de la Seine.

Un monstre de béton : 600 mètres de long, 35 mètres de haut (2 stades de France côte à côte), 1 200 rotations de véhicules par jour. Même s’il est prévu sur une zone déjà occupée par des entrepôts, sa taille — qui plongera les berges dans l’ombre (et la pollution atmosphérique lumineuse et sonore 24 h/24) — est la promesse de destruction de la zone Natura 2 000, en face de Greendock, la pointe sauvage de L’Île Saint-Denis, qui accueille à la fois les promeneurs et une riche biodiversité. Refuge pour beaucoup d’oiseaux, dont des espèces rares et protégées, de même que beaucoup de plantes.

Mensonge écologique 

La multinationale australienne Goodman (pas plus good que green) avance l’argument du transport fluvial écologique. Mais outre que les petits 15 % annoncés sont un de ses mensonges, cela ne concerne que l’aval, l’arrivée des marchandises, ensuite c’est camions… dans une banlieue déjà surpolluée par le transport routier. Et l’entrepôt est à l’extrémité du port, sur les berges, et non sur les darses, des quais aménagés pour le transbordement des marchandises. Le fret fluvial, c’est le greenwashing de la mondialisation de la fabrication et du transport des marchandises : par exemple, le futur canal Seine-Nord, monstre dévoreur d’eau, de terres agricoles, de béton et de biodiversité, construit parce que le canal Nord est trop étroit pour les gros transporteurs, et qui en fait ne pourra pas ­remplacer les camions.

Mensonge social

700 emplois annoncés… Un mensonge, comme les hauteurs et les volumes annoncés. Une grande partie, ce seront des CDD aux périodes de pointe, et la logistique est le secteur qui a le plus recours à l’intérim (25 %), celui où la pénibilité est la plus forte (avec le BTP) et les conditions de travail sont encore plus dégradées chez les sous-traitants. Les maladies professionnelles y sont telles qu’il est difficile de travailler plus que quelques années dans la logistique. De plus, une part de ces emplois sont déjà sur le port, puisqu’un des gros transporteurs, Schenker, se déplacera sur Greendock.

Violences policières

Au milieu du parcours, une partie du cortège a tenté de faire un détour pour se diriger vers les zones logistiques, en passant par le parc des Chanteraines. Grenades de désencerclement, tirs de flashballs, 53 personnes interpellées. Les images des arrestations sont glaçantes : LBD braqué à quelques centimètres de la tempe d’une personne plaquée au sol, genou sur la gorge, des dizaines de personnes plaquées au sol sous la menace des armes.

Vendredi, 175 personnes étaient placées en garde à vue lors d’une action contre Total, lors d’une nasse policière ayant duré huit heures.

Arrêt d’urgence !

Chaque année, 2 millions de mètres carrés d’entrepôts logistiques sont construits en France : c’est le capitalisme de la sous-traitance mondialisée et du travail en miettes. Chômage, maladies professionnelles, pollution, perte de biodiversité… Stop Greendock !

Isabelle Guichard

Pour en savoir plus : http://reporterre.net/Un-entrepot-logistique-menace-un-site-ornithologique-en-Seine-Saint-Denis

https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/240524/dans-le-93-les-riverains-se-mobilisent-contre-un-monstre-de-beton