Le 15 janvier, les obsèques symboliques du village de Saint-Julien-Molin-Molette étaient organisées par le collectif1
Quelques jours auparavant, le préfet de la Loire publiait un arrêté autorisant Delmonico-Dorel à exploiter le site pendant 30 ans de plus tout en augmentant sa superficie de 18 à 28 hectares et le tonnage extrait de 150 000 à 165 000 tonnes par an.
Ballet incessant de camions
Cette carrière est située en plein cœur du Parc naturel régional du Pilat et son exploitation génère des pollutions multiples (poussières, pollution des eaux, défiguration du paysage), aggravés par une radioactivité naturelle élevée comme l’a montré la CRIIRAD.
Le village est traversé par un ballet incessant de camions rarement propres, trop bruyants et souvent trop rapides (les accidents sont fréquents). En 2018, le préfet avait pris un premier arrêté déclarant le projet d’intérêt général, ce qui lui permettait de modifier d’autorité le Plan local d’urbanisme (PLU) contre la décision de la mairie qui ne souhaitait pas que la carrière s’étende. Lors de l’enquête publique préalable, la question du trafic avait conduit le commissaire enquêteur à donner un avis défavorable : « Les problèmes de bruit, de poussière et de sécurité dans la traversée du village ne sont pas abordés dans le dossier. […] Le silence du dossier sur ces points est difficilement compréhensible ».
L’arrêté pris en janvier 2020 a lui aussi fait l’objet d’une enquête publique, lancée en catimini en août 2019 et boycottée par le collectif d’opposants : « Que nous soyons pour ou contre, notre avis ne compte pas ». Et cette fois-ci, c’est un commissaire enquêteur plus conciliant qui a donné un avis favorable, à la condition que la question des camions soit réglée… plus tard ! Le carrier aura deux ans pour étudier la « faisabilité de solutions alternatives » à l’actuel itinéraire d’accès, et le préfet aura trois ans de plus pour prescrire des mesures… proposées par le carrier. Difficile de croire que cela aboutira à une solution satisfaisante : une étude avait déjà été conduite en 2012, le carrier concluant à l’époque qu’il lui faudrait multiplier par trois le volume exploité (soit 500 000 tonnes par an), pour pouvoir financer une déviation très coûteuse. Pour le commissaire enquêteur de l’époque, cette proposition était une « provocation ».
Les opposantEs ne baissent pas les bras et envisagent un recours au tribunal administratif. La lutte continue !