Du 1er au 11 juin se déroulait le premier des trois rounds préparatoires à la COP21 de décembre à Paris. Les 196 parties signataires de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) négocient un projet d’accord présenté sans rire comme « un accord universel et contraignant »...
En réalité, il s’agit surtout sur la forme d’éviter l’échec d’un sommet n’aboutissant à aucun accord comme à Copenhague en 2009. Mais sur le fond, il n’y a rien à attendre de ce texte de plus de 120 pages contenant tout et son contraire, et que même Laurent Fabius qualifie de « texte long et qui, sur plusieurs points, ne choisit pas ».Officiellement admis depuis des années, l’objectif de limiter le réchauffement à 2 °C ne sert que d’affichage, puisque les objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES) ne sont jamais mis en adéquation avec cet objectif (80 à 95 % de réduction nécessaire d’ici 2050 d’après le GIEC). Ceci alors même que certains experts estiment que le seuil de dangerosité se situe à 1,5 °C, imposant un changement encore plus radical. Mais bien sûr, un tel changement serait contradictoire avec les intérêts capitalistes.Et quand bien même ils seraient respectés, tous les objectifs annoncés sont très largement insuffisants... Car les États font remonter séparément leurs engagements pour le climat (INDC pour Intended Nationally Determined Contributions), mais sans qu’il y ait le moindre contrôle prévu ensuite pour garantir le respect de ces mêmes engagements… déjà largement insuffisants ! Ce que Laurence Tubiana, la responsable française des négociations, résume par la formule « la carotte, pas le bâton »...
Les pollueurs au sommet...Comme à Copenhague, les négociations butent notamment sur le principe de différenciation, consistant à demander des efforts plus importants aux principaux pays industrialisés, responsables des plus grosses émissions de GES. Ceux-ci n’entendent pas accepter des dispositions plus contraignantes que les pays émergents, dispositions qui mettraient à mal leur compétitivité.Loin de vouloir imposer des contraintes aux capitalistes pour résoudre la crise climatique, les gouvernements veillent à ce que leurs intérêts ne soient pas menacés. Ainsi, la semaine précédant ces négociations, Paris accueillait le Sommet des entreprises pour le climat, sommet soutenu par différents lobbies comptant parmi les plus gros pollueurs de la planète. C’est que, selon François Hollande, « les entreprises sont essentielles parce que ce sont elles qui vont traduire les engagements qui seront pris ». En clair, les responsables de la crise n’ont pas à s’inquiéter et pourront continuer à polluer tranquilles, pendant que les classes populaires trinqueront, en particulier celles des pays dominés. Mieux, ils pourront même s’enrichir sur le dos de la crise climatique, notamment au travers de la géo-ingénierie.S’il paraît de plus en plus vraisemblable que le sommet de Paris aboutira à un accord, il est encore plus évident que cet accord sera totalement insuffisant, que ce sera un accord au profit des capitalistes, contre les classes populaires et la planète. Il pourrait difficilement en être autrement, car le système capitaliste est bien incapable de répondre à une crise qui n’est pas simplement conjoncturelle ou accidentelle, mais qui est le fruit même de ce système. C’est pourquoi il est indispensable que la mobilisation populaire se fasse entendre, pour assumer la confrontation avec les intérêts capitalistes et rappeler que c’est ce système, pas le climat, qu’il faut renverser !
Commission nationale écologie