Publié le Mardi 23 juin 2020 à 15h42.

Nucléaire, le monde d’avant (Épisode 2) : Cigéo, projet à enfouir

Comprendre leur « monde davant » pour construire notre « monde daprès » : avec cette série en sept épisodes, « lAnticapitaliste » dresse un état des lieux du nucléaire en France.

Le monde d’avant a inventé le déchet nucléaire, le monde d’après subira sa gestion. Comme tout déchet industriel, les déchets radioactifs sont classés en différentes catégories. Les plus dangereux sont les Hautement actifs (HA) et les Moyennement actifs à vie longue (MAVL)… Comprendre : chaleur et radioactivité mortelle pendant plus de 100 000 ans.

Une capacité de stockage de 83 000 m³

Aujourd’hui en France, ces deux catégories ne constituent que 1% du volume annuel de déchets radioactifs produits mais concentrent 99% de la radioactivité. Pour cause : ils sortent principalement des cœurs de réacteurs. Pour s’en débarrasser, l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (ANDRA) rêve de construire à Bure (Meuse) son Centre industriel de stockage géologique profond (Cigéo). Sur le papier : 500 m de profondeur, 300 km de galeries sur 12 km², 1500 tunnels de 100 m de long, soit une capacité de stockage de 83 000 m³. Le tout rebouché par des centaines de bouchons d’argile prétendument « étanches » pendant plus de 100 000 ans.

Les collectifs Stop Cigéo (BureStop55, Cedra52...)  et les mouvements anti-nucléaires alertent aussi sur d’autres risques : la dégradation des matériaux, les accidents (incendie, séisme, inondation, explosion d’hydrogène)… un effondrement a déjà coûté la vie à un ouvrier. L’estimation officielle des coûts du chantier se chiffre en dizaines de milliards et a triplé en dix ans.

L’ANDRA avouait en 2017 devant une audience d’étudiantEs en physique nucléaire qu’il n’existait pas à ce jour de solution technique au stockage de tous les déchets nucléaires ni de résultats de recherche concluants concernant Cigéo. C’est exact.

Répression et intimidation des opposantEs

Au bord de la faillite, ne reste à cette industrie qu’une solution pour survivre : imposer ses choix par la force. L’opposition est la cible d’une répression militaire, physique et morale, toujours plus violente : les opposantEs et leurs proches sont surveillés, intimidés et attaqués depuis bientôt vingt ans. Aujourd’hui ce n’est plus un secret : l’ANDRA paie la gendarmerie des dizaines de millions d’euros pour protéger son projet1.

Pour préserver l’avenir, il est urgent d’arrêter le nucléaire, et garder les déchets sur terre, à portée de contrôle. Arrêter le nucléaire, en continuant de mobiliser, d’échanger avec les salariéEs et sous-traitant⋅es en première ligne, dont les compétences sont indispensables. Arrêter le nucléaire pour avoir la liberté de choisir notre énergie et notre avenir sans radioactivité.