Août 2025 : les douanes américaines détectent du césium 137 dans quatre ports. En cause : des crevettes provenant de l’exportateur indonésien BMS.
Fin septembre, les autorités indonésiennes révèlent l’origine de la contamination : une fonderie de l’île de Java, à 50 km à l’ouest de Jakarta. Dans l’hypothèse la plus probable, une « source » de césium 137 aurait été fondue par erreur, et l’usine de conditionnement de crevettes, à 2,5 km au nord de l’aciérie, aurait été contaminée par voie aérienne.
Les pires accidents radiologiques hors catastrophe nucléaire
Le césium 137 est un élément radioactif artificiel dangereux autant en exposition externe qu’après inhalation ou ingestion, utilisé dans l’industrie et la médecine sous forme de « sources », objets de petite taille extrêmement radioactifs dont l’utilisation doit être strictement encadrée.
Les quelques cas de pertes de sources de césium 137 font partie des pires accidents radiologiques hors catastrophe nucléaire. En 1987, à Goiana au Brésil, une source récupérée dans un hôpital abandonné avait contaminé 250 personnes, dont 4 en étaient mortes. En 1998, à Algésiras en Espagne, la fonte accidentelle d’une source dans une aciérie avait entraîné une contamination de l’air détectée dans plusieurs pays européens, dont la France. Plusieurs milliers de tonnes de déchets radioactifs avaient dû être évacuées.
Des mesures records, une situation très inquiétante
En Indonésie, les rares informations rendues publiques sont très préoccupantes. 9 travailleurEs ont été hospitaliséEs, 91 habitantEs ont été relogéEs ou sont en passe de l’être et plusieurs dizaines de véhicules contaminés ont été repérés. S’agissant des mesures, les autorités ont évoqué une valeur record de 33 millisieverts par heure. Avec un tel débit de dose, la limite maximale annuelle est atteinte en moins de 2 minutes d’exposition.
On ne sait si, parmi les 32 sites considérés comme contaminés se trouvent les usines des géants de la chaussure (Asics, Adidas, Nike, Puma) où travaillent des milliers de personnes à 4,5 km au nord de l’aciérie.
Les autorités indonésiennes contrôlent-elles la situation ? Il est permis d’en douter. En septembre, les USA détectaient une contamination dans des clous de girofle, dont l’Indonésie est le premier producteur. En octobre, les autorités indonésiennes reconnaissaient l’existence, dans une plantation de girofliers de l’île de Sumatra, d’un autre foyer de contamination dont l’origine reste un mystère.
Le silence actuel n’empêchera pas le scandale d’éclater
En outre, l’Indonésie a suspendu toute importation de ferrailles après la détection, dans le port de Tanjung Priok à Jakarta, de 23 conteneurs contaminés au césium 137 (dont 9 venant des Philippines).
Interrogée par la CRIIRAD1, l’Autorité de Sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) a déclaré qu’ « aucune importation en UE via la France en provenance de [BMS] n’a été enregistrée depuis 2020 ». Mais qu’en est-il via d’autres pays européens ? Et quid des clous de girofle ? Pour le moment, c’est le silence radio en Europe, mais nous n’en sommes qu’au début du scandale.
Commission écologie
- 1. CRIIRAD – Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité, www.criirad.org