Début avril, des habitantEs d’Oullins-Pierre-Bénite, au sud-ouest de Lyon, ont pu voir des uniformes encercler l’usine Arkema. Cette fois, les gendarmes n’étaient pas là pour arrêter des écolos en action contre les industriels de la vallée de la chimie.
Ils étaient là pour une perquisition de plusieurs jours, dans le cadre d’une information pour « mise en danger d’autrui par violation manifestement délibérée d’une obligation réglementaire de sécurité » !
Il faut dire que Arkema a rejeté pendant des années des centaines de kilos de perfluorés par mois dans le Rhône, d’après Mediacités Lyon. Ces polluants, aussi appelés PFAS, de l’anglais per- and polyfluoroalkyl substances sont des polluants éternels (voir les articles de l’Anticapitaliste n° 703 du 11 avril). À côté, l’usine Daikin filtre ses rejets aqueux, mais envoie une tonne de PFAS par mois dans l’atmosphère ! Elle a même démarré une production supplémentaire en 2024, délocalisée des Pays-Bas où la lutte contre la pollution chimique est bien plus vive qu’ici...
Alertes répétées de la préfecture
Les conséquences apparaissent publiquement fin 2022, quand les poissons du Rhône concentrent tellement de perfluorés que la préfecture déconseille la pêche. Puis la préfecture préconise aux habitantEs du sud-ouest lyonnais de ne plus manger d’œufs de leurs poulaillers (en cause, une dose de perfluorés 7 fois supérieure à la limite européenne). En 2023, France 3 montrait des analyses de sang inquiétantes, avec une concentration de PfundA, un des PFAS, douze fois plus élevée chez la moyenne des riverainEs que dans la population française. Début 2024, la préfecture conseille de ne plus consommer les fruits et légumes des jardins autour des usines...
« PFAS contre Terre »
La pollution d’Arkema et Daikin fait tellement scandale que le maire d’Oullins-Pierre-Bénite a porté plainte, rejoint par 41 communes alentour.
Les habitantEs se sont organisés dans un collectif, « PFAS contre Terre »1. Leur principal objectif est de faire payer les pollueurs : dépolluer, réaliser des études épidémiologiques, installer un système de filtration des PFAS dans l’eau… Tout cela entraîne des coûts importants, qui ne doivent pas retomber sur la population.
Répression
Le rapport de forces qui change les choses a aussi été construit par Alternatiba, Attac, Extinction Rebellion, Greenpeace, Notre affaire à tous, les Soulèvements de la Terre et Youth For Climate, qui ont organisé plusieurs actions, dont la dernière en mars a consisté à rentrer à 300 dans l’usine, pour la couvrir de banderoles et de tags de dénonciation. Mais huit personnes ont été arrêtées et passent en procès le 18 juin, ce qui nécessitera une action de soutien de touTEs.
Mobilisation des salariéEs
Et les salariéEs ? PremierEs concernés car premierEs exposés, iels ont du mal à s’exprimer vu les pressions de la direction. Heureusement, d’après un communiqué de la CGT Auvergne Rhône Alpes, « il convient de repérer puis de supprimer les PFAS ou de les remplacer par des substances moins dangereuses ». FSU et Solidaires agissent avec les associations écologistes dans l’Alliance écologique et sociale. Après des actions de sensibilisation de la population, une manifestation est organisée dimanche 26 mai, rendez-vous à 15 heures gare d’Oullins, pour aller au stade du Brotillon (en face d’Arkema) où auront lieu des animations. Soyons des milliers à réclamer aux groupes de la chimie qu’ils arrêtent leur pollution et payent les dégâts !
Correspondante Lyon