La semaine dernière, Extinction Rebellion (XR) a occupé le haut de l’affiche. Ce mouvement de désobéissance civile, né à Londres en 2018, a organisé une semaine de blocages de carrefours, ponts, centres commerciaux et autres aéroports dans 60 villes à travers le monde. C’était la Rébellion internationale d’octobre (RIO).
Au travers de ces actions, l’objectif affiché d’XR est de massifier ces opérations de blocages, d’occupations et de boycott, pour contraindre les différents gouvernements à agir concrètement contre le désastre climatique en cours.
À l’issue de cette semaine d’action, on ne pourra être qu’impressionné par le niveau d’organisation et d’engagement des militants. En termes de désobéissance civile, les « Rebelles » disposent d’une palette de savoir-faire : installation de campements sauvages sur des carrefours, occupation de centre commerciaux, ralentissement du trafic par des escouades de vélos, etc. Par ailleurs, les militants d’XR ont aussi fait preuve, d’une part, d’une belle capacité d’improvisation en lançant de nouvelles actions quand ils jugeaient trop tranquilles celles déjà en cours ou lorsque le délogement des bloqueurs par les forces de police ne permettait plus d’atteindre le niveau de blocage suffisant. Ils et elles ont aussi fait preuve d’une belle ténacité en occupant 24/24h, pendant une semaine entière et sous la pluie, la place du Châtelet. Bravo à elles et eux.
Ne pas rester en extériorité
Durant cette semaine, de nombreuses critiques du mouvement issues de la gauche radicale ont mis en avant qu’Extinction Rebellion n’est pas clairement anticapitaliste, que la stratégie de non-violence fait prendre des risques disproportionnés aux militantEs par rapport à ce qui sortira de cette lutte, que le contenu politique est flou voire contradictoire, que les liens avec les autres composantes de la lutte sociale sont faibles voire inexistants, etc. Ces critiques, qui ont toutes une part de vérité, permettent à leurs auteurs d’affirmer plus ou moins directement que ce mouvement est à regarder de loin voire à éviter.
Or, d’un certain point de vue, Il en va d’Extinction Rebellion comme des Gilets jaunes. Ce mouvement fait rentrer dans la lutte des gens qui n’y étaient pas, qui n’ont pas d’expérience d’engagement militant et donc des gens qui, dans leur grande majorité, ne sont effectivement pas anticapitalistes, qui ne se déclarent pas révolutionnaire et qui ont intériorisé les subjectivités de la classe dominante. Cependant, ces nouveaux et nouvelles militantEs investissent une grande partie de leur temps pour faire changer les choses, sont prêts à faire de la garde à vue, à bloquer pendant des jours un carrefour, allongés à même le sol et attachés entre eux. Il y a là un potentiel radical que l’on trouve rarement, même chez les anticapitalistes.
Un potentiel qui peut remporter des victoires et permettre, par les différentes expériences de lutte aux militants d’XR de se radicaliser. Mais, pour ce faire, il faut s'investir dans Extinction Rebellion, participer aux actions, au travail politique, permettre que des passerelles se créent avec les autres composantes du mouvement social, pour que le début de convergence avec le comité Adama, avec les Gilets jaunes, les gilets noirs continue, s’amplifie et entraîne d’autres secteurs. Faisons en sorte que notre présence dans la lutte climatique permette de transformer des gens en colère en camarades révolutionnaires !
Paul Vadori