Publié le Jeudi 25 juillet 2024 à 16h30.

Résistance anticapitaliste pour notre bien commun, l’eau

Du 16 au 21 juillet, dans le Poitou, la lutte contre les mégabassines et l’accaparement de l’eau par l’agro-industrie au détriment de la population et des plus petits agriculteurs, a mobilisé plusieurs milliers de personnes.

Dès le 16 juillet, à Melle, dans le département des Deux-Sèvres, commençait le Village de l’eau organisé par de nombreuses associations, syndicats et partis politiques. Réclamant l’arrêt des méga­bassines et un moratoire national, les participantEs s’opposaient à l’accaparement de l’eau par une minorité d’agriculteurs au détriment des autres et de la population, et réclamaient une répartition de l’eau égalitaire et respectueuse des écosystèmes. Réunions, débats, assemblées générales et formations : dans le village, les sujets abordés étaient variés, allant de l’écologie à la lutte contre l’extrême droite, de la répression policière à la façon d’organiser la production alimentaire autrement. 

Village de l’eau, prises de parole… et lacrymos

Tout en étant festif, ce village permettait d’organiser la lutte, d’informer et d’offrir des perspectives pour une nouvelle production alimentaire, et plus généralement pour une nouvelle société anticapitaliste. Encore fallait-il l’atteindre ! Rien que pour se diriger vers le village, l’État avait mis en place un dispositif policier conséquent avec des contrôles dans les 4 départements voisins, avec des confiscations aussi arbitraires qu’à l’accoutumée.

Le vendredi 19 avait lieu la première manifestation démarrant à Migné-Auxances dans un bois pour se diriger à vers une ferme-usine de poules pondeuses et de méthanisation, qui prévoit la construction d’une mégabassine en septembre. Des convois s’y dirigeaient dont un démarrant à Poitiers, où le NPA et notamment Christine Poupin étaient présents. Une partie de ce convoi a été nassé sur une route pendant plus de deux heures par la gendarmerie pour empêcher la tenue de la manifestation tandis que le reste du cortège les attendait au Pré Sec. 

Environ 3 000 gendarmes ont contré la manifestation et ont attaqué les 6 500 manifestantEs avec des lacrymogènes, mettant le feu au champ menant à la ferme-usine. Par fortes chaleurs et avec le climat sec du champ de céréales, le feu était prévisible et prévu par la police. Les organisateurs ont fait demi-tour pour empêcher les manifestantEs d’être blessés par les flammes avant d’avoir atteint l’objectif.

No pasarán et No bassaran

Le lendemain, à La Rochelle, l’objectif était le port de commerce et le silo industriel qui profite des mégabassines et de l’épuisement des nappes phréatiques pour exporter massivement des céréales. Des militantEs du NPA, dont Philippe Poutou, étaient aussi présents ainsi que de nombreux militantEs d’autres partis politiques. Avant le début de la manifestation, Alexandre Raguet a pris la parole pour rappeler que le NPA se mobilise pour toutes les manifestations antibassines et que No pasarán et No bassaran vont ensemble, qu’il faut faire front unique contre les capitalistes qui exploitent les terres et l’eau comme contre l’extrême droite, et que la lutte continue. Les 10 000 manifestantEs étaient répartis en deux cortèges, l’un passant le long de la côte et l’autre au centre de la ville. Ce second cortège fut rapidement attaqué par la police, tandis que le premier atteignait son premier objectif et installait un phare en bois. Des bateaux et kayaks manifestaient également dans l’océan, bravant les garde-côtes. Au lieu de poursuivre vers le port, ce cortège a rejoint celui attaqué par la police pour converger, puis retourner au point de départ pendant que la police nassait et gazait les manifestantEs qui battaient en retraite.

Malgré les objectifs non atteints, ces manifestations restent de masse et démontrent la répression disproportionnée de l’État face aux militants écologistes au nom de la protection des biens, même quand ceux-ci n’existent pas, comme pour le futur chantier de bassine de Migné-Auxances. La lutte pour l’eau n’est pas près de s’arrêter !

Amélie Dubois