Publié le Mercredi 17 février 2021 à 10h53.

Contournement de Rouen : comment aller droit dans le mur, le pied au plancher ?

Présenté à la population comme un atout économique indispensable pour la région et une réponse aux difficultés de circulation, le projet de contournement de Rouen, vieux de cinquante ans, n’en finit pas de finir.

Né en 1972, époque où la France lardait le territoire « d’ouvrages d’art » (autoroutes, rocades, viaducs...) pour répondre aux impératifs de la production internationalisée des marchandises, de l’intensification du commerce mondial, de la concurrence effrénée entre les pays et les territoires, ce projet est utile aux capitalistes pour relier les grands ports du nord (Rotterdam, Anvers...) au sud de l’Europe. Leurs relais locaux, élus, CCI, Préfet (État) et services ont caché cette réalité en nommant le projet « contournement de Rouen ». Mais il s’agit bien d’une autoroute.

Ceci n’est pas un contournement...

On parle en effet d’une autoroute de 41,5 km avec neuf viaducs, six échangeurs, des péages, dévastant plus de 500 hectares de terres agricoles, forêts, milieux naturels, déversant 50 000 tonnes de CO2/an en plus, dans la région déjà la plus émettrice de France. Cette liaison autoroutière entre l’A28, au nord de Rouen, et l’A13 à Saint-Étienne-du-Rouvray (76) et à Incarville (27) près de Louviers, a été portée par les partis de droite, mais aussi par le PS et le PCF (qui depuis ont bougé).

Elle n’a jamais correspondu à la réalité locale : les flux de transits se font dans le sens est-ouest (Paris-Le Havre), rive gauche de la Seine où se trouvent le port de Rouen, les silos à grains, la zone industrielle. Elle ne fluidifiera pas les flux d’échanges internes à la métropole. Elle n’est pas non plus l’alternative aux déplacements de moins de 5 km – plus d’un million par jour – dont 45 % se font en voitures, et seulement 10 % en transports en commun.  

Des oppositions vives et actives

En 50 ans, études, procédures administratives, enquêtes et débats publics, mais aussi recours juridiques se sont enchaînés. L’opposition au projet s’est construite sur trois décennies, mais depuis quelques années, un collectif (dont le NPA est membre) qui regroupe divers opposantEs, sur les deux départements, s’active à mener des actions de terrain, juridiques, des réunions d’information, des rencontres avec des élus (maires, responsables politiques...) pour à la fois montrer la nocivité du projet et les alternatives qui existent (fret ferroviaire, fret sur la Seine, centre de distribution, plan de déplacement faisant la part belle à la marche et au vélo, développement massif des transports en commun…). Des premières victoires ont été acquises : quatre collectivités ont retiré leur financement dont le Conseil départemental de l’Eure et, le 8 février dernier, la Métropole de Rouen qui a annulé ses 66 millions de participation. Cette décision aurait dû mettre un point final au projet écocide et inutile. Les pro-autoroutes se sont déchaînés : sondage arrangé, propos alarmistes et annonce par les présidents UDI du département 76 et de la région (H. Morin) de leur décision de ­compenser les 66 ­millions manquants.

Et maintenant ?

La balle est dans le camp de l’État ! Les opposantEs ne désarment pas. Communiqués divers, prises de position d’éluEs, rassemblement devant le conseil régional le 15 février, pour montrer le refus d’une partie de la population, des éluEs du PS et du PCF qui combattent maintenant le projet, dont le président de la métropole N. Mayer Rossignol (PS) et le député H. Wulfranc (PCF)… La lutte continue !