Un Salon de l’agriculture loin de la campagne, une macronie loin de tout, un productivisme et un élevage intensif qui ont de beaux jours devant eux, le végétal très peu visibilisé et beaucoup de rancœurs. Ainsi peut se résumer cet événement connu et attendu.
De l’extérieur, il s’agit du plus grand Salon de France avec 615 000 visites en 2023 sur 8 jours. Cela en fait un moment particulier pour le monde agricole dans son ensemble, pour les métiers, pour l’évolution du secteur. L’imaginaire collectif le résume souvent à une photo du président de la République et de quelques ministres, un animal comme identité du Salon, souvent un bovin, et enfin un monde agricole heureux et homogène, illustrant l’agriculture productiviste, autour de la FNSEA.
Personne n’a en tête un Salon des secteurs de la santé ou du BTP. Tout le monde pense à celui de l’agriculture dont les effectifs sont pourtant largement inférieurs. La communication est importante. L’envers du décor est pourtant fort différent.
Le Salon du président
Il y a tout d’abord la communication d’Emmanuel Macron par laquelle il voudrait montrer une connaissance du secteur et notamment maintenir le lien de proximité (mais conflictuel) avec la FNSEA. Ensuite, il y a celle des apprentis politiciens qui veulent coller au stéréotype de la « France rurale ». Puis il y a ce militant de Dernière Rénovation interpellant vivement le pouvoir sur la catastrophe écologique en cours et son inaction écologique. Le « À quoi tu sers ? » lancé à Macron par le militant en dit long sur l’ambiance.
En réalité, en matière d’agriculture la macronie « sert » et elle sert même bien avec son soutien actif à l’agriculture productiviste, à l’agro-alimentaire et les renoncements sur les engagements écologiques déjà trop légers. L’appui permanent au secteur des pesticides en est un exemple marquant avec la réintroduction autorisée de certains d’entre eux parmi les plus toxiques ou la prolongation d’autorisation d’usage. Au Salon, rien sur la biodiversité — pourtant essentielle à l’agriculture — qui continue de s’effondrer.
La réforme des retraites a rattrapé Macron qui s’est embourbé en expliquant, à l’inverse de son gouvernement, qu’elle favoriserait les salariéEs à temps plein par rapport aux personnes ayant fait carrière à temps partiel. Bref, un président montrant une fois de plus mépris et déconnexion.
Le Salon des agriculteurs et agricultrices
D’un côté, il y a la très visible FNSEA, satisfaite de la réussite du Salon et de la popularité de « l’agriculture française ». On en oublierait presque que ses branches locales ont organisé tout récemment des « opérations fumier » pour dénoncer leurs conditions de travail et les coûts divers en hausse… sans aller cependant jusqu’à réclamer, cela sans dire, une autre agriculture, mais bien au contraire plus d’aides publiques et de libéralisation avec des règles sanitaires et écologiques allégées.
La Confédération paysanne était aussi présente au Salon, favorisant la découverte d’une autre agriculture, paysanne, plus écologique et en lien avec des pratiques dites humaines, bien qu’il y ait débat sur le terme, jusque dans l’opinion, la profession et le syndicat.
Sa présence a permis de discuter sur l’évolution des pratiques et des productions que doit développer le secteur agricole au regard de la catastrophe écologique en cours. C’est avec cette approche que la Confédération paysanne et son réseau ont organisé en cette période de sécheresse la troisième édition du « Salon à la ferme », sur le thème de la gestion de l’eau notamment. À la ferme donc, au plus près du terrain et non pas à Paris.
Une initiative majeure que le NPA soutient pour ouvrir le champ des possibles en matière de rencontres paysannes, de liens et de débats sur les changements de société à mettre en place. Le NPA revendique une agriculture agroécologique, biologique qui nourrisse sainement et rémunère correctement les paysanES.