Ce qui devait être la dernière réunion de négociation avant la COP21 s’est terminé à Bonn le 25 octobre en décidant... de ne rien décider. Le « brouillon final » issu de cette séance est beaucoup plus long (55 pages) que la version précédente (20 pages). Pour conserver tous les participants autour de la table, en particulier les pays du sud, il intègre pour chacune des questions importantes plusieurs options, parfois totalement contradictoires, avec plus de 1 500 crochets entourant des phrases non consensuelles. L’ONU a beau plastronner, « les gouvernements du monde se reconnaissent complètement dans ce brouillon équilibré qui sera le point de départ pour la négociation finale », il n’y a en réalité aucun accord, et tout ce beau monde doit encore se revoir pour tenter de sauver la face. C’est l’objet de la « pré-COP » qui s’est tenue à Paris du 8 au 10 novembre.
Laurent Fabius a donc reçu une soixantaine de ministres de l’Environnement et de l’Énergie pour « donner un élan politique et faciliter l’accord final ». « La plénière de clôture sera l’occasion d’envoyer un message clair sur les attentes des ministres et autres chefs de délégation » ! « Élan », « message », « attente »… beaucoup de mots pour rien. L’un des sujets qui fâchent est bien évidemment la reconnaissance de la responsabilité historique des pays riches pour les plus grandes quantités de gaz à effet de serre émises. La pré-COP se soucie donc d’équité... en accordant une coprésidence de chaque groupe de travail, coprésidence entre un ministre du nord et un ministre du sud. Si ça, c’est pas de la com’ !
Il n’est pas question de négocier sur le fond, ni maintenant ni au moment de la COP, puisque chaque pays indique ses propres objectifs « volontaires » de réduction... Comme il est devenu impossible de masquer que le cumul de ces annonces aboutit à un réchauffement de 3 voire 3,5 °C, pour tenter de sauver la fiction d’un « accord contraignant », le gouvernement français va donc promouvoir un mécanisme de révision tous les cinq ans… à partir de 2025. Tout cela en proclamant que « plus tard il sera trop tard ! »
Ils osent tout pour déguiser en avancée les nouveaux crimes climatiques qui se préparent. À la mobilisation de masse en construction de ne pas les laisser faire !
Christine Poupin