« Plus jamais ça », telle est l’obsession du gouvernement. Mais ce « plus jamais ça » ne concerne pas la mort de Rémi Fraisse tué par sa police. Non, son obsession est tout autre. Plus jamais Notre-Dame-des-Landes. Surtout pas d’autre lieu de résistance unie et déterminée capable de le tenir en échec pendant des années !
ÀSivens, la violence policière a été extrêmement forte dès le début pour détruire au plus vite le lieu, éradiquer la ZAD et empêcher la construction de la solidarité large qui a fait la force des opposantEs à l’Ayraultport. Ensuite, une fois l’irréparable accompli, Rémi tué par une grenade offensive, le gouvernement a d’abord menti délibérément pour cacher la culpabilité des gendarmes, puis il a multiplié les provocations – interdictions des manifestations, déploiements policiers démentiels, policiers en civil-casseurs… – pour obtenir des images de violence exploitées en boucle jusqu’à saturation. Ainsi, il veut faire diversion et salir à la fois Rémi et celles et ceux qui partagent son combat.Sur le fond, il n’a qu’un seul mot d’ordre : « ne rien céder » ! La posture du gouvernement est de ne rien céder face à celles et ceux qui combattent les projets productivistes, d’agriculture gaspilleuse et destructrice, de transports toujours plus disproportionnés. Valls se vantait début septembre d’avoir « tenu bon à Sivens » devant les Jeunes agriculteurs, un syndicat tenant de l’agriculture productiviste au côté de la FNSEA.Le contrat signé par le conseil général du Tarn, qui permet à la CACG de mener à la fois les études – besoins en eau, faisabilité – et de construire le barrage, est illégal. L’ouvrage est surdimensionné et ne bénéficierait qu’à une vingtaine d’agriculteurs. Qu’importe, Royal refuse d’annuler la déclaration d’utilité publique, et au contraire elle affirme qu’« un ouvrage sera fait », demandant aux occupantEs d’évacuer la zone. Consciente qu’un recul à Sivens remettrait aussi en cause une vingtaine d’autres projets du même type, elle préfère temporiser, quitte à ce que le barrage soit déclaré illégal, mais plus tard…C’est le même message qui a de nouveau été envoyé par Valls le 28 octobre – trois jours après la mort de Rémi ! – au sujet de Notre-Dame-des-Landes : « la détermination de l’État à voir ce projet réalisé est intacte ». Et Le Foll, porte-parole du gouvernement et ministre de l’Agriculture, persiste et signe : « Ce qu’il [Valls] a rappelé, c’est la ligne du gouvernement »...
Anticapitalistes, antiproductivistesLes raisons de cet acharnement sont multiples. Il ne faut évidemment pas sous-estimer les liens d’intérêts matériels qui unissent les bétonneurs et les élus locaux, souvent PS : CACG à Sivens, Ramery pour l’usine des 1 000 vaches, Vinci à NDDL... Plus fondamentalement, ce gouvernement, en bon serviteur des intérêts des capitalistes, épouse totalement leur idéologie : la compétitivité, la croissance et donc aussi le productivisme. Enfin, les résistances face aux grands projets nuisibles lui font peur.Dès l’automne 2012, la riposte à l’opération César à NDDL a représenté la première mobilisation de masse contre sa politique. L’entêtement à ne pas enterrer le projet d’aéroport est aussi motivé par le refus de reconnaître la victoire politique de la mobilisation, et donc d’encourager celles et ceux qui résistent partout.Les ZAD sont aussi des ateliers où s’expérimentent d’autres modes de fonctionnement collectif, de solidarité, d’autogestion, de démocratie, un démenti vivant à TINA (There is no alternative, en français « il n’y a pas d’autre choix »). Une pierre pour la reconstruction d’un projet émancipateur et mobilisateur. C’est la raison pour laquelle le NPA soutient le projet de coordination des ZAD initié par les Zadistes du Testet et de NDDL.
Commission nationale écologie