Publié le Lundi 30 novembre 2015 à 10h09.

Un gouvernement ennemi de la justice climatique... et de la démocratie

Opération de com’ du gouvernement Valls-Hollande, la COP21 accueille depuis ce lundi et pour quinze jours un parterre de chefs d’État et de multinationales, sous la présidence de Laurent Fabius, pour négocier en vue d’un accord sur le climat... 

Évidemment, il n’y a rien à attendre de cette conférence qui débouchera au mieux sur un accord visant une augmentation de la température autour de 3° (alors que le seuil de dangerosité est estimé à 2° voire 1,5°), et qui plus est sans aucune mesure contraignante pour garantir qu’il soit réellement respecté.

Et la contestation grandissante autour de ce sommet commençait d’ailleurs à être une épine dans le pied du gouvernement, qui craignait que sa communication huilée soit mise à mal par des mobilisations de masse. Celles-ci pourraient effectivement rappeler à quel point nous ne faisons pas confiance à la COP21 pour régler le problème, et encore moins à ce gouvernement qui se présente sans rire comme le sauveur du climat, tout en poursuivant sa politique de casse sociale et environnementale, à commencer par l’annonce de la reprise des travaux de Notre-Dame-des-Landes.

L’interdiction des manifestations : une censure politique et un déni de démocratie

Mais c’était sans compter sur les dramatiques attentats du 13 novembre et le cynisme d’un gouvernement à la dérive, tentant de tirer profit honteusement de cette situation.

Ainsi, dès mercredi 18 novembre, le gouvernement s’empressait d’annoncer l’interdiction des marches pour le climat, pour de soi-disant motifs de “sécurité”, tout en maintenant la COP elle même. Pourtant, de nombreux rassemblements et manifestations se déroulent dès les jours qui suivent en hommage aux victimes et contre le terrorisme, sans faire l’objet de la moindre censure ou interdiction.

Plus clair encore, les compétitions sportives, les concerts, les marchés de Noël, les centres commerciaux (ouverts le dimanche !), c’est-à-dire tout ce qui est à caractère commercial et lucratif reste ouvert, quand bien même ce sont justement ces lieux qui ont été visés par les attentats.

Le gouvernement ne cherche même pas à cacher qu’il utilise simplement les attentats comme prétexte pour interdire toute contestation sociale, toute liberté démocratique … en pleine campagne électorale pour les régionales !

Pire encore, alors que dès les premiers jours de l’état d’urgence, les perquisitions ont servi pour s’en prendre non pas à de potentiels terroristes mais pour régler des affaires courantes (trafic de drogue…), l’absence de réaction a permis au gouvernement de passer à l’étape supérieure en multipliant les perquisitions dans la mouvance écologiste, et en assignant à domicile 26 militants écologistes, qui auraient pu avoir la mauvaise idée de manifester pour le climat.

 

Des marches et rassemblement malgré tout dans toute la France

Ces attaques extrêmement graves contre les libertés démocratiques les plus élémentaires ont pris les militants pour la justice climatique de court. D’autant que les préfectures ne se sont pas gênées pour communiquer abondamment sur les interdictions et les peines encourues, histoire de décourager voire d’effrayer toutes celles et ceux qui voulaient manifester à cette occasion.

Si les réactions ont été diverses selon les villes, entre recherche d’alternatives plus ou moins fantaisistes, transformation des marches en chaînes humaines ou en simples rassemblements, voire maintien de la marche malgré l’interdiction, et souvent plusieurs de ces réactions à la fois. Il restait une volonté commune de ne pas baisser les bras et ne pas se laisser bâillonner. Dans plusieurs villes comme Nantes, Toulouse ou Paris, la mobilisation a ainsi combiné à la fois une chaîne humaine et une manifestation improvisée.

Mais il est clair que les lourdes menaces ont largement démobilisé et affaibli numériquement la mobilisation, qui est bien en deçà de ce qui pouvait être espéré.

A Paris, un nouveau cap franchi dans la répression politique

Si dans l'ensemble du pays, les mobilisations ont été plus ou moins tolérées de fait par la police et que peu d’incidents sont à déplorer, il en est différemment de la manifestation parisienne où la police a non seulement violemment réprimé la manifestation, mais a également ciblé les militants anticapitalistes, à commencer par ceux du NPA. Ainsi il y aurait eu 289 interpellations pour 174 gardes à vue, dont plus d’une quarantaine de militantEs du NPA, mais aussi des militantEs d’Ensemble, d’Alternative Libertaire, de Solidaires.

Tout ceci a au moins le mérite de tirer les choses au clair : ce gouvernement est bien un ennemi de la justice climatique. Pas de sauvegarde du climat sans affrontement central avec le gouvernement et les capitalistes !

Correspondant