Le fipronil, insecticide interdit dans la chaîne alimentaire, a pourtant été utilisé dès 2016 par des industriels pour désinfecter les élevages de poules pondeuses. Il a été retrouvé dans les œufs dans 34 pays dont 23 en Europe.
Treize lots contaminés au fipronil, soit 30 000 œufs et 200 tonnes d’ovoproduits en provenance des Pays-Bas, ont été livrés à deux établissements français de fabrication d’ovoproduits entre le 11 et le 26 juillet.
Échec total pour la réglementation européenne
Il a fallu presque un an pour que les Pays-Bas transmettent des informations aux autres pays. Ce n’est pas mieux en France où le ministère de l’Agriculture a montré une fois encore qu’il n’est pas au service des consommateurs. D’abord, il a prétendu que les œufs contaminés ne sont pas entrés en France, comme le nuage de Tchernobyl qui s’était miraculeusement arrêté aux frontières ! Puis il a communiqué la liste des produits contaminés au compte-gouttes. Enfin, il nous a dit qu’il n’y avait aucun danger. Mais s’il est inoffensif, pourquoi l’utilisation du fipronil est-elle interdite ?
Une inquiétude légitime
« On a peu d’expérience sur l’homme » souligne André Picot, le président de l’Association Toxicologie Chimie. Mais les études menées auprès des ouvriers qui fabriquent le fipronil (groupe Bayer) ont montré « quelques signes de trouble de métabolisme, pas du tout aussi nets que chez les animaux, mais il y a quand même un doute ». Un doute qui n’est pas suffisant pour empêcher les profiteurs criminels de nuire !
Il est en outre inquiétant qu’une substance soit interdite dans les élevages d’animaux de ferme mais soit utilisée pour les animaux domestiques. Le fipronil est très utilisé comme antiparasitaire sur les chiens et les chats, contre les tiques et les puces. Les personnes (dont les enfants) qui embrassent et enlacent leurs animaux sont donc particulièrement exposées à cette substance présente sur la peau des animaux de compagnie.
Stopper l’agriculture intensive productiviste
Ce scandale n’est pas seulement celui de la filière œuf, c’est bien celui de tout le système de l’agro-industrie, soutenu par l’Europe libérale, où les entreprises préfèrent leur chiffre d’affaires aux règles sanitaires. Pourquoi se gêneraient-elles puisque les États, au nom de la compétitivité et de la performance économique, se rendent coupables de laxisme voire de complicité avec ces entreprises ? En fin de chaîne, les industriels préfèrent importer des œufs à la qualité incertaine, pour baisser les prix d’achat. Le 25 août, le ministère de l’Agriculture reconnaissait la présence d’un autre insecticide interdit, l’amitraze. L’affaire continue…
Le NPA réaffirme la nécessité d’une agriculture relocalisée, dans de petites exploitations, biologique qui respecte à la fois les paysans, l’environnement et les animaux, et qui nourrisse correctement les populations.
Commission nationale écologie