L’occasion était trop belle! C’est le calcul cynique du gouvernement après les attentats du 13 novembre, qui craignait que son opération de communication autour de la COP21 soit gâchée par des manifestations de masse. Au risque de rappeler largement à quel point nous ne faisons pas confiance à la COP21 pour régler le problème, et à quel point le gouvernement nous enfume en se présentant sans rire comme le sauveur du climat, tout en poursuivant sa politique de casse sociale et environnementale, à commencer par l’annonce de la reprise des travaux de Notre-Dame-des-Landes.
L’interdiction des manifestations : une censure politique et un déni de démocratie
Ainsi, dès mercredi 18 novembre, le gouvernement s’empressait d’annoncer l’interdiction des marches pour le climat, pour de soi-disant motifs de “sécurité”, tout en maintenant la COP elle même et son parterre de chefs d’État et de PDG de multinationales. Pourtant, de nombreux rassemblements et manifestations se déroulent dès les jours qui suivent en hommage aux victimes et contre le terrorisme, sans faire l’objet de la moindre censure ou interdiction.
Plus clair encore, les compétitions sportives, les concerts, les marchés de Noël, les centres commerciaux (ouverts le dimanche!), c’est-à-dire tout ce qui est à caractère commercial et lucratif reste ouvert, quand bien même ce sont justement ces lieux qui ont été visés par les attentats.
Le gouvernement ne cherche même pas à cacher qu’il utilise simplement les attentats comme prétexte pour interdire toute contestation sociale, toute liberté démocratique … en pleine campagne électorale pour les régionales!
Pire encore, alors que dès les premiers jours de l’état d’urgence, les perquisitions ont servi pour s’en prendre non pas à de potentiels terroristes mais pour régler des affaires courantes (trafic de drogue…), l’absence de réaction a permis au gouvernement de passer à l’étape supérieure en multipliant les perquisitions dans la mouvance écologiste, et en assignant à domicile 24 militants écologistes, qui auraient pu avoir la mauvaise idée de manifester pour le climat.
Mais nous ne nous laisserons pas faire!
Ces attaques extrêmement graves contre les libertés démocratiques les plus élémentaires ont pris les militants pour la justice climatique de court. D’autant que les préfectures ne se sont pas gênées pour communiquer abondamment sur les interdictions et les peines encourues, histoire de décourager voire d’effrayer toutes celles et ceux qui voulaient manifester à cette occasion.
Si les réactions ont été diverses selon les villes, entre recherche d’alternatives plus ou moins fantaisistes, transformation des marches en chaînes humaines ou en simples rassemblements, voire maintien de la marche malgré l’interdiction, il reste une volonté commune de ne pas baisser les bras et ne pas se laisser bâillonner. Partout en France, de nombreux collectifs, organisations et individus refusent de se plier aux injonctions du pouvoir et d’abandonner leur droit de manifester. Interdiction ou pas, des rassemblements et des marches se tiendront un peu partout.
Et à Paris, une vingtaine d’intellectuels ont lancé un appel à braver l’état d’urgence, signé par près de 5000 personnes.
Dans toutes les villes, le NPA sera dans la rue ce week-end, avec celles et ceux qui refusent de se taire, pour opposer à l’état d’urgence gouvernemental l’instauration d’un "état d’urgence climatique" qui commencerait par annuler tous les grands projets inutiles comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou le barrage de Sivens, imposerait la gratuité des transports en commun, sortirait d’urgence du nucléaire et des énergies fossiles.
Plus que jamais : changeons le système, pas le climat!