Publié le Jeudi 5 avril 2018 à 11h09.

Affaires : La loi du silence

Décidément ce gouvernement et ses députés aux ordres ne ratent pas une occasion pour rendre service à leurs amis les riches. Ainsi, en catimini, l’Assemblée nationale vient d’adopter en première lecture une proposition de loi protégeant le « secret des affaires », dépassant le strict cadre commercial et mettant en grave danger la liberté d’informer. Désormais, les amis de Macron auront carte blanche pour toutes leurs « saloperies », fraudes, arnaques et autres… car ils seront protégés par ce fameux secret des affaires. 

Ce projet de loi n’est pas nouveau mais il n’avait, jusque-là, pas réussi à passer l’épreuve du Parlement. En 2014 Macron, à la demande de Hollande, avait même été obligé de retirer l’amendement qui l’instituait. Mais cette fois-ci semble la bonne. En effet, pour protéger les intérêts des siens, le gouvernement a décidé de le faire voter en procédure accélérée. Il y avait, semble-t-il, urgence à ce que les affaires des uns soient protégées, au nom sans doute de la sacro-sainte compétitivité.

Mais au-delà du « secret des affaires », c’est le droit à l’information qui est attaqué à travers cette loi. Désormais, il existe un renversement de la charge de la preuve et ce sera aux journalistes, lanceurEs d’alerte, associations… de justifier de leur légitimité. De plus, ils devront « prouver qu’ils agissent pour l’intérêt général », et les lanceurEs d’alerte ne seront protégés que pour avoir alerté sur des actes illégaux. Ce qui veut dire concrètement que des affaires comme Panama Papers ou Luxleaks ne pourraient désormais plus voir le jour… Sans oublier que cette proposition de loi s’accompagne d’un droit à l’indemnisation qui pourrait être extrêmement dissuasif. Et qui réglera les futurs litiges ? Le tribunal de commerce, dirigé par des juges qui sont avant tout des chefs d’entreprise et sont élus par un collège issu lui aussi du monde du commerce. No comment !

Au moment où Macron s’attaque à tous les statuts protecteurs des salariéEs du privé, des cheminotEs, des fonctionnaires, il se précipite pour protéger ses amis les plus riches et museler coûte que coûte les journalistes, les lanceurs d’alerte et les associations. Étonnant ? Non, pas vraiment !

Joséphine Simplon