Publié le Jeudi 28 octobre 2010 à 23h01.

Bluff et hypocrisie

«Nous sommes arrivés en Corée pleins d’appréhension, nous en repartons avec grand espoir ». C’est ainsi que Christine Lagarde a commenté la réunion des ministres des Finances et gouverneurs des Banques centrales du G20, les 22 et 23 octobre derniers. Au vu des résultats de ce sommet, un vague communiqué égrenant une série de vœux pieux, le soulagement exprimé par Lagarde en dit long sur l’impuissance des maîtres du monde. Tout au plus permet-il de donner le change sur leur volonté de coopération avant le sommet du G20 qui se tiendra, les 11 et 12 novembre, à Séoul, alors que la concurrence économique mondiale pour accaparer les parts d’un marché rétréci par la crise fait rage, sous la forme, entre autres, d’une guerre des monnaies. Les États-Unis, qui s’étaient assurés auparavant de l’appui de la Chine, ont été les maîtres d’œuvre de cette réunion de dupes. L’accord, intervenu après une nuit de négociations, stipule que les membres du G20 vont « s’abstenir de toute dévaluation compétitive » de leur monnaie et prendre des mesures pour « réduire les déséquilibres excessifs ». Une belle hypocrisie de la part du secrétaire américain au Trésor, Geithner, alors que les États-Unis assurent à leurs multinationales un avantage de poids dans la guerre économique en faisant baisser le dollar, tandis que les pays émergents à forte croissance comme le Brésil sont submergés de capitaux spéculatifs qui font envoler leur monnaie et planer la menace d’un krach si ces capitaux se retirent de ces économies une fois leurs bénéfices pris. Quant à Sarkozy, qui rêve de faire oublier ses déboires actuels lors de sa présidence prochaine du G20 en se faisant le promoteur d’une régulation du système monétaire et financier, il ne fera que la démonstration de son impuissance. Comment pourrait-il obtenir le moindre résultat tangible alors que circulent chaque jour sur les marchés monétaires 4 000 milliards de dollars qui proviennent de cette oligarchie financière dont il défend les intérêts ? Pour sortir le monde de cette guerre économique et de ses ravages, il n’y a qu’une solution, la lutte des travailleurs et de tous les exploités pour la défense de leurs droits, l’expropriation de cette minorité ultra-privilégiée responsable de la crise.

Galia Trépère