Publié le Mercredi 14 octobre 2020 à 12h25.

Crise économique et sociale : le gouvernement nous mène dans le mur

La reprise économique n’est pas à l’ordre du jour. C’est ce que montrent les dernières prévisions de l’institut de la statistique (INSEE). Mais le gouvernement n’a pas l’intention de dévier d’un pouce d’une politique qui nous mène dans le mur.

Le gouvernement tablait sur une reprise ayant la forme d’un V : après la chute brutale du 1er semestre 2020, l’économie repartirait fortement d’autant que des milliards pleuvaient (et vont encore pleuvoir) sur les entreprises sans contrepartie de maintien des emplois.

Il y a bien eu un redémarrage mécanique au 3e trimestre, à la façon du redémarrage d’un moteur quasiment à l’arrêt mais, depuis, ça patine : le produit intérieur brut (PIB) du 4e trimestre restera inférieur de 5 % à celui des trois derniers mois de 2019. L’incertitude sur les perspectives n’incite pas les entreprises privées à investir. Quant aux ménages, beaucoup ont vu leurs revenus amputés, en particulier par les suppressions d’emplois (environ 900 000), et ceux dont le revenu a été maintenu ne sont souvent pas sûrs du lendemain : la consommation au 4e trimestre restera ainsi inférieure de 4 % à son niveau de fin 2019. Au total, le produit intérieur brut (PIB) reculerait d’environ 10 % en 2020 et l’incertitude est totale pour 2021.

Retour sur les origines de la crise

Cette situation incite à revenir sur les origines de cette crise. L’économiste marxiste François Chesnais insiste sur son originalité : « les causes du Grand Confinement (…) sont endogènes aux relations entre la société humaine et la nature dans le cadre du capitalisme. Mais en tant que crise économique il s’agit d’un choc exogène au mouvement de l’accumulation du capital et aux contradictions qu’il engendre classiquement. »1

Autrement dit, comme cela a été souvent souligné, la crise sanitaire renvoie bien au fait, que dans les conditions de l’anarchie capitaliste et de la recherche effrénée du profit, l’activité humaine transforme de plus en plus de façon perturbatrice l’environnement (habitat, éco­systèmes), ainsi que les contacts entre les espèces, facilitant ainsi la transmission des maladies infectieuses entre les espèces et les humains. Le Covid-19 n’est pas la première pandémie grave, y compris sous le capitalisme, mais c’est la première pandémie grave dans le cadre de la mondialisation et d’un capitalisme mal relevé de la crise de 2007-2009.

La propagation de l’épidémie (et les déficiences des systèmes de santé) ont placé les dirigeants capitalistes devant une contradiction. Le capital a besoin que l’économie tourne pour faire du profit ; pour cela il faudrait que les salariéEs soient au travail. Mais les États même bourgeois ne peuvent politiquement (sauf en temps de guerre) envoyer les gens à l’abattoir (pas de masques, de tests, trop de lits d’hôpitaux supprimés) d’où le confinement et ensuite ­l’effondrement économique.

Macron : tout pour les profits

La crise actuelle est donc tout à fait spécifique : la situation en 2021 dépendra du recul de la pandémie, c’est-à-dire des avancées scientifiques mais aussi de l’amélioration des systèmes de santé.

Contrairement aux crises antérieures, au moins dans les prochains mois, le taux de profit ne sera pas la variable décisive. Pourtant, Macron et son gouvernement, en totale complicité avec le patronat, agissent comme si c’était le cas. En dehors de mesures sociales limitées et du chômage partiel, l’essentiel des milliards du « plan de relance » vise au redressement des profits : c’est ce que l’on appelle dans le jargon des économistes la « politique de l’offre ». Pour le reste nous sommes invités à « vivre avec le virus » et à ne pas revendiquer pour « rétablir la confiance ». Tout cela pour, au mieux, revenir à la situation antérieure à mars 2020, ce qui préparera la prochaine crise.

Prendre la crise par le bon bout

À cette politique de classe, il faut opposer une politique qui prenne la crise par le bon bout : celui des besoins de la population. La santé (les vaccins, les traitements) doit être soustraite à la loi du profit par l’expropriation des trusts pharmaceutiques. Des embauches massives dans les hôpitaux sont évidemment nécessaires. Les jeunes doivent aller à l’école mais dans de bonnes conditions. Il faut en finir avec la spirale des suppressions d’emplois. Pour financer tout cela il faut un impôt sur les richesses et les hauts revenus. Engager la rupture avec le « monde d’avant », c’est en outre socialiser les banques et mettre en place une planification écologique. Plus que jamais, « nos vies valent plus que leurs profits » !

  • 1. François Chesnais, « L’originalité absolue de la crise sanitaire et économique mondiale du Covid-19 » : http://alencontre.org/ec…