Entre 2008 et 2010, les 10 % les plus pauvres ont perdu 520 millions d’euros, alors que les 10 % les plus riches se sont enrichis de 14 milliards. Les mesures fiscales de Hollande ne changeront pas vraiment la tendance. Malgré la crise, le revenu global des Français continue à augmenter mais ce n’est pas vrai pour tout le monde. C’est ce que montrent des chiffres de l'Insee récemment publiés par l’Observatoire des inégalités (www.inegalites.fr). Entre 2008 et 2010 (dernière année connue), le revenu global des ménages, après impôts et prestations sociales, s’est accru de 23,8 milliards d’euros, inflation déduite. Si la richesse était équitablement répartie, chaque tranche de 10 % aurait donc dû recevoir 2,4 milliards, soit une hausse de 1,7 %. Mais cette richesse a été captée par une minorité. Entre 2008 et 2010, les 10 % les plus pauvres ont vu la masse globale de leurs revenus baisser de 519 millions d’euros, soit – 1,1 %. Les 30 % les plus pauvres touchent au total 3,2 milliards d’euros en moins… Pendant ce temps, les 10 % les plus riches ont accru leurs revenus de 14 milliards sur cette même période, soit + 4,3 %… Au total, 70 % de la population a vu son revenu disponible baisser, stagner ou augmenter faiblement. L’explication en est simple : les ménages d’ouvriers et d’employés supportent le plus la montée du chômage et la stagnation de leurs salaires. Par contre, les revenus du patrimoine ont un poids important dans les ressources des 10 % des plus riches : ils représentent 26 % du revenu disponible de ces ménages et progressent plus vite que les salaires. Les plus riches ont aussi profité des réformes fiscales de la droite : baisses de l’impôt sur le revenu, de l’impôt sur la fortune et des droits de succession. Pas de changement sous HollandeLes données les plus récentes ne sont pas disponibles mais tout laisse à penser que la même tendance a continué à se manifester en 2011 et 2012. Et ce ne sont pas les mesures prises par Hollande qui vont l’annuler. En fait, les mesures ciblant plutôt les hauts revenus vont au total seulement équilibrer celles touchant plutôt les bas et moyens revenus. Par son importance, la principale mesure fiscale est une augmentation de la TVA de 6 à 7 milliards qui s’appliquera en 2014 et est destinée à financer le crédit d’impôt pour les entreprises : 20 milliards d’euros. La TVA est un impôt proportionnel sur la consommation et inversement proportionnel aux revenus. Elle pèsera donc beaucoup plus sur les bas revenus. Même si elle a des justifications, l’élévation de la taxation de la bière et du tabac (+ 500 millions d’euros) va dans le même sens. Le gel du barème de l’impôt sur le revenu en 2013 (+ 1,2 milliard d’euros) pèse aussi sur les revenus moyens et pas seulement les plus élevés. En face, les hauts revenus vont supporter de l’ordre de 7,4 milliards d’impôts : intégration des revenus du capital dans le barème de l’impôt sur le revenu (2,2 milliards), réforme de l’impôt sur la fortune (1 milliard), tranche de 45 % à l’impôt sur le revenu (0,4 milliard), CSG sur les revenus de patrimoine (2,6 milliards), et droits de succession (1,2 milliard). Ces évaluations (basées sur les chiffres officiels) restent pour une part incertaines mais au total, au mieux les plus riches contribueront autant que les autres, du moins sur ce qu’ils déclarent…Henri Wilno
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