À grands sons de trompe a été annoncé, le 3 septembre, le lancement du programme de relance intitulé « France relance ». Le Premier ministre Castex a proclamé qu’il s’agissait d’une « méthode nouvelle » et en a martelé les priorités : transition écologique, compétitivité, cohésion et, bien sûr, l’emploi...
En fait, ce plan n’a que deux objectifs : relancer la présidence Macron et consolider les profits des entreprises dans l’espoir qu’il en résultera des conséquences positives sur l’activité et l’emploi. La première phase de la présidence Macron a été celle du « ruissellement » : la baisse des impôts sur les riches était supposée les conduire à investir et créer des emplois. Les deux mesures marquantes en ont été la quasi suppression de l’impôt sur la fortune et la mise en en place du prélèvement fiscal unique qui sort les revenus du capital du barème général de l’impôt sur le revenu pour un traitement plus avantageux.
La baisse de la fiscalité sur les entreprises au cœur du plan
« France relance » est en fait la poursuite de cette politique, mais avec un axe déplacé : le noyau dur du plan est constitué par des aides aux entreprises, avec en premier lieu une réduction de 20 milliards des « impôts de production » avec comme hypothèse que tous les milliards déversés vont conduire à des embauches et à des investissements.
La baisse de la fiscalité sur les entreprises est bien le cœur du plan de relance : la baisse prévue des impôts de production est de 20 milliards d’euros. En apparence, cela fait un cinquième de 100 milliards annoncés pour le total. En fait, les 20 milliards seront sans limite reconduits année après année alors que les autres mesures sont ponctuelles. Rien ne garantit que cet argent ne finira pas en dividendes, placements sur les marchés financiers, investissements à l’étranger... L’exemple du CICE de Hollande est encore tout frais.
Quant au reste des dizaines de mesures, elles vont s’étaler dans dans le temps avec parfois des chantiers qui devraient être prioritaires et n’héritent que de montants dérisoires comme la rénovation énergétique des logements qui reçoit deux millards d’euros.
Aucune mesure significative n’apportera un soutien direct aux revenus des ménages de salariés, de chômeurs, de retraités, aux jeunes en cours d’étude. Ce à quoi ils doivent s’attendre c’est à une application à un moment ou à un autre des mesures repoussées mais pas abandonnées : contre-réforme des retraites, restriction des conditions d’accès aux allocations chômage. Gageons qu’il n’y aura pas de coup de pouce au SMIC. Quant aux mesures dérogatoires au droit du travail présentées comme transitoires au sommet de la pandémie, elles seront prorogées. Pas question, bien sûr, de la moindre mesure fiscale sur les hauts revenus. Ni des embauches nécessaires, face à la crise sanitaire, dans les hôpitaux et l’éducation.
Opposer un plan d’urgence
Le Maire, le ministre de l’Économie, avait annoncé que le plan permettrait la création de 200 000 emplois en 2021. Le lendemain, prudemment, Castex ramenait ce chiffre à 160 000. En fait, 200 000 ou 160 000, c’est dérisoire par rapport aux quelque 800 000 perdus en 2020.
En fait, loin de marquer un cap nouveau, ce plan s’inscrit dans la continuité de la politique macronienne depuis 2017. Économiquement, la France (comme les autres pays capitalistes) va continuer à être ballottée par la crise sanitaire et sociale tandis que se creuseront les déficits budgétaires, prétextes demain et après demain à des réductions de dépenses sociales ou dans les services publics. Et « ceux d’en bas » vont en faire les frais. Le « sale boulot » de casse des acquis continue. Tout au plus, Macron fera en sorte que de tout cela résultent quelques chiffres qui, mis en scène, lui serviront pour la campagne présidentielle de 2022.
Les directions syndicales critiquent avec plus ou moins de force l’absence de contreparties de la part des entreprises au plan de relance. Ce n’est pas faux mais ce n’est pas le fond du problème : « France relance » est un mauvais plan qui ne sert que le capital. Le mouvement ouvrier devrait lui opposer son plan d’urgence : embauches massives dans l’éducation et la santé, réduction des heures de travail sans perte de salaire, interdiction des licenciements, socialisation des banques, prélèvement massif sur les richesses et les hauts revenus, aides aux artisanEs, petitEs paysanEs et petitEs commerçantEs réellement en difficulté.