Publié le Mercredi 9 septembre 2015 à 17h59.

Inégalités en hausse et peur de la pauvreté

Selon le dernier baromètre Ipsos réalisé pour le Secours Populaire, qui vient d'être publié, près de 6 Français sur 10 (57% des personnes interrogées, contre 55% en 2014) ont été sur le point de connaître une situation de pauvreté à un moment de leur vie. Et près de 9 Français sur 10 (87%) considèrent que les risques que leurs enfants connaissent un jour la pauvreté sont plus élevés qu'ils ne l'étaient pour leur génération. Ce niveau est le plus haut enregistré depuis la création du baromètre en 2007.

35% des sondés déclarent avoir effectivement vécu dans la pauvreté et 66% disent avoir un proche dans cette situation, contre 56% en 2007.

Le Secours populaire resitue ces indication dans un« contexte marqué par une aggravation des inégalités, l'enracinement de la précarité de la population éloignée de l'emploi, et des situations d'exclusions durables ». La crise financière, qui a débuté, en 2008, s'est ainsi progressivement étendue à l'ensemble de l'économie et son impact est durable. La crainte de la pauvreté n'épargne aucune catégorie sociale, même si elle est plus présente chez les non diplômés (45%) et les femmes (38%).

Ces chiffres corroborent les données de l'Observatoire des inégalités pour qui "des dizaines de milliers de personnes vivent dans des conditions peu éloignées de celles des pays en développement".

467 euros de plus par mois

Les personnes interrogées évaluent le seuil de pauvreté à 1.054 euros mensuels - très proche du smic (1.135 euros) -, le plancher retenu par l'Insee étant de 987 euros. Selon le sondage, 34% des Français éprouvent des difficultés à régler leurs dépenses d'énergie, 33% à acquitter leur loyer ou un emprunt immobilier et 29% à s'alimenter correctement trois fois par jour.

Selon le baromètre de l'institut CSA pour le groupe de crédit à la consommation Cofidis, 16% des personnes interrogées déclarent se retrouver à découvert tous les mois, un chiffre élevé mais cependant inférieur à celui de 2014 (21%). En moyenne, se sont 467 euros par mois qui manquent pour vivre correctement.

Dans toute l'Europe

Plus de 120 millions de personnes sont exposées au risque de pauvreté en Europe selon un autre rapport établi par l’ONG Oxfam publié mercredi. L’Europe connait des niveaux intolérables de pauvreté et d’inégalités. Dans son préambule, la directrice du département de la Protection Sociale à l’Organisation Internationale du Travail (OIT) relève que « 123 millions de personnes sont actuellement exposées au risque de pauvreté au sein de l’Union européenne, soit un quart de la population, contre 116 millions en 2008 ». Entre 2009 et 2013, ce sont 7,5 millions de personnes supplémentaires dans 27 pays de l’Union qui ont été classées en situation de privation matérielle aiguë, selon les chiffres d’Eurostat. Dans les pays comme la Hongrie, la Grèce, Chypre, mais aussi l’Italie et le Royaume Uni, la part des personnes dans cette situation précaire a augmenté d’au moins 5 % entre 2009 et 2013. Seules la Pologne et la Roumanie ont connu un recul de leur taux de pauvreté.

La France à elle seule compte plus de 11 millions de personnes en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, un chiffre qui ne s’est pas réduit sur les dix dernières années. Oxfam constate que près de 50 millions de personnes rencontrent des difficultés matérielles majeures, manquant d’argent pour couvrir les frais de chauffage de leur foyer ou faire face à des dépenses imprévues. Frappés par un niveau de chômage des plus élevés au sein de l’Union européenne, les femmes, les jeunes et les migrants sont les groupes sociaux les plus susceptibles de vivre en situation de pauvreté.

1% égale 33%

Au sein d’un continent où le produit intérieur brut moyen est de 26.600 euros par habitant, selon les statistiques de la Banque Mondiale, Oxfam souligne que les 1% des Européens les plus riches (pays hors Union européenne compris) détiennent près d’un tiers des richesses du continent alors que les 40 % inférieurs de la population se partagent moins de 1% des richesses nettes totales de l’Europe. En résumé, les 7 millions de personnes les plus riches détiennent le même niveau de richesses que les 662 millions les plus pauvres.

Parallèlement, le coût de la fraude et de l’évasion fiscale dans l’Union européenne représenteraient un manque à gagner de 1000 milliards d’euros chaque année. « Une somme suffisante pour doubler les investissements totaux des pays européen en matière de santé publique ».

Ou 1% égale 50 %.... Au niveau mondial, les inégalités sont encore plus marquées. 1 % de la population de la planète détient aujourd’hui près de la moitié de la fortune mondiale. 80 multimilliardaires les plus riches possèdé une fortune équivalente à celle de la moitié la plus pauvre de l’humanité. Les USA sont le pays où ces inégalités sont le plus aiguës. Comme l'écrit Joseph E. Stiglitz dans son livre, La Grande Fracture,« le niveau actuel de l’inégalité en Amérique n’est pas inévitable. Il n’est pas le résultat des lois inexorables de l’économie. Il dépend des politiques que nous suivons, et de la politique ». Plus préciséent des politiques qu'imposent les capitalistes aux Etats qui les servent et qui aboutissent à une paupérisation croissante alors qu'à l'autre pôle on assiste à une concentration absurde de la richesse. La folle logique du capital qu'il s'agit de briser.