Publié le Vendredi 7 novembre 2025 à 09h00.

Trump prive les pauvres de nourriture pendant la crise budgétaire

Donald Trump a profité de la crise budgétaire, qui dure depuis plus d’un mois et a entraîné la fermeture (shutdown) du gouvernement fédéral, pour mettre fin au financement de programmes d’aide sociale qui fournissent nourriture et éducation à des dizaines de millions de personnes à faibles revenus.

 

Les républicains et les démocrates du Congrès n’ont pas réussi à s’entendre sur le budget fédéral, principalement parce que les démocrates refusent de voter un nouveau budget sans garantie que l’Affordable Care Act (ACA), qui fournit une couverture d’assurance maladie à 44 millions d’AméricainEs, soit maintenu. 

Augmentation vertigineuse des assurances

La période de souscription des contrats d’assurance ACA a débuté le 1e novembre, mais beaucoup ont été choquéEs de constater que leurs montants avaient augmenté, parfois de manière astronomique. Une personne seule gagnant 32 000 dollars par an qui payait 58 dollars par mois devra désormais payer environ 180 dollars, soit une augmentation de 1 468 dollars par an. De même, une famille de quatre personnes gagnant 66 000 dollars par an pourrait voir sa cotisation passer d’environ 121 dollars à 373 dollars par mois, soit une augmentation d’environ 3 025 dollars par an. 

Afin de protéger leurs électeurs contre cette augmentation des coûts, les démocrates ont refusé de voter le budget, ce qui a entraîné le shutdown, la « fermeture du gouvernement ». Trump en a profité pour continuer à financer les programmes qui lui plaisent, tels que l’armée et l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), tout en supprimant d’autres programmes.

Définancement de l’aide alimentaire

Trump a ainsi supprimé les fonds destinés au programme d’aide alimentaire ­supplémentaire (SNAP), connu sous le nom de « coupons alimentaires », qui fournit de la nourriture à 42 millions de personnes à faibles revenus ou sans revenus, soit 12,5 % de la population américaine. La plupart sont des enfants, des personnes âgées ou des personnes handicapées. Aux États-Unis, la pauvreté et les inégalités économiques sont endémiques. Rien qu’à New York, on compte 100 000 enfants issus de familles sans abri.

Le programme distribue plus de 90 milliards de dollars par an, soit environ 10 % de toutes les dépenses alimentaires, ce qui profite donc aux magasins d’alimentation. Dans certains quartiers, les clients des magasins familiaux peuvent être pour 75 à 90 % des bénéficiaires de coupons alimentaires. Le programme SNAP subventionne également les agriculteurs et profite donc aux communautés rurales.

Les juges fédéraux ont ordonné à Trump de financer le SNAP en utilisant le fonds de réserve de six milliards de dollars, mais Trump a repoussé cette demande.

Définancement de l’éducation

Trump a également cessé de financer environ 10 % du programme Head Start, un programme d’éducation préscolaire qui s’adresse à 750 000 enfants issus de familles à faibles revenus. Head Start fournit également de la nourriture et des services de santé à ces enfants.

Le premier programme américain de coupons alimentaires a été mis en place en 1939 sous la présidence du démocrate Franklin D. Roosevelt, et le programme actuel a débuté en 1964, sous la présidence du démocrate Lyndon B. Johnson. Le programme Head Start a été créé par le président Johnson en 1965. Ces programmes ont été créés par les démocrates, mais bon nombre de leurs bénéficiaires sont républicains, et les coupes budgétaires de Trump leur ­porteront également ­préjudice.

Beaucoup de celles et ceux qui ont défilé le 18 octobre lors des manifestations No Kings organisées dans 2 700 villes et villages et rassemblant sept millions de manifestants brandissaient des pancartes critiquant l’attaque de Trump contre les travailleurEs et les pauvres. Et ce mois-ci, il y aura des élections pour les gouverneurs et les législateurs des États, ainsi que six élections spéciales au Congrès pour remplacer les représentants qui ont démissionné ou sont décédés. Nous verrons comment le dernier acte de cruauté de Trump affectera ces élections. 

Dan La Botz, traduction d’Henri Wilno