Le tour de force de Marx, c’est d’avoir traversé les apparences, la surface confuse des choses : la crise financière, pour trouver au cœur du système les causes et les mécanismes du phénomène le plus complexe de la production capitaliste, les crises générales du marché mondial.
Si la crise actuelle n’était que l’aboutissement d’un processus de financiarisation alimenté par la spéculation sur des capitaux ne trouvant pas à s’investir dans la production, alors la réponse serait dans la réglementation de la finance, l’encadrement de la spéculation et la moralisation du capitalisme.
Ces analyses superficielles, largement partagées à droite comme à gauche, réduisent la crise au rôle de l’argent et à son utilisation abusive. Pour Marx, au contraire, les causes de la crise sont dans la nature même du capitalisme. La recherche incessante de l’accroissement de la plus-value et de la valorisation du capital incite chaque entreprise à produire toujours plus de marchandises alors que la consommation reste limitée. Le processus d’accumulation du capital peut conduire à une crise de surproduction.
La force révolutionnaire de l’analyse de Marx, c’est le lien entre argent-crise financière, marchandises-crise de surproduction et lutte des classes-chômage et licenciements. Le capital sous forme argent ne fonctionne comme capital que s’il se transforme à un moment donné en marchandise puis en argent en ayant dégagé un profit.
La crise actuelle marque, comme la crise de 1929, l’explosion des contradictions du capitalisme fondé sur l’exploitation des travailleurs. Face aux contre-vérités économiques propagées par l’idéologie dominante, ce texte inédit de Marx apporte une analyse rigoureuse et constitue une arme politique pour le combat anticapitaliste.
Frédéric Gudéa