Publié le Mercredi 8 juillet 2009 à 10h11.

Sommet du G8 : solidaire pour pas un rond...

Le G8 devait se réunir le 8 juillet, en Italie.  L'occasion de masquer le manque de légitimité des dirigeants, en instrumentalisant l’émotion suscitée par le tremblement de terre de l'Aquila. 

Il y a trois mois, un séisme faisait 300 morts à l’Aquila, en Italie. La décision d’y tenir le sommet du G8 vise notamment à réduire les risques de manifestation. Il se dit, en haut lieu, que les opposants n’oseront pas s’exprimer en un tel lieu. Le responsable de l’évènement, Guido Bertolaso, prétend que « ce sera un G8 solidaire ». Ce qui signifie seulement que les grands de ce monde honoreront de leur présence et de leurs dépenses une ville dans laquelle 50000 réfugiés vivent toujours sous des tentes…

Voilà qui en dit long sur le cynisme de ces dirigeants politiques et des grands patrons, dont ils ne font que reproduire le triste numéro. Alors qu’ils justifiaient leurs profits par « la prise de risque », ces derniers en appellent aujourd’hui à la solidarité et demandent aux plus modestes de se serrer la ceinture. Depuis le début de la crise, 25% des travailleurs américains ont vu leur salaire diminuer, sans compter ceux qui n’ont plus d’emploi. On observe déjà le même phénomène dans plusieurs pays d’Europe (Irlande, Hongrie, pays baltes…). Le risque de déflation n’est pas écarté. En France, des entreprises comme Hertz, IBM, Osram ou HP tentent d’obtenir des baisses de salaire. Pourquoi se priveraient-elles, alors que le ministre du Travail refuse de légiférer pour interdire ce type de « proposition » ? Pour Brice Hortefeux, « c'est aux salariés de déterminer si les mesures proposées permettent ou non de préserver l'avenir de l'entreprise… en période de crise, l'effort doit être partagé ».

Effort partagé ? Ce sont pourtant toujours les mêmes qui trinquent. Ceux que l’on contraint à « travailler plus pour gagner moins » ou que l’on licencie. Ce sont souvent deux étapes d’un même processus, comme ce fut le cas à l’usine Continental de Clairoix. Et le G8 n’y changera rien. Pour les travailleurs, la crise ne fait que commencer. Les licenciements actuels ne forment qu’une première vague, et les capitalistes vont de nouveau limoger pour restaurer la rentabilité de leurs capitaux. « La reprise de l’emploi sera beaucoup plus tardive que le retour à la croissance économique », prévient le secrétaire général de l’OCDE. D’ici fin 2010, plus de 57 millions de travailleurs seront privés d’emploi dans les pays de l’OCDE. Et le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, reconnaît que le chômage va augmenter jusqu'en 2011. Certains États annoncent déjà de mauvais chiffres, comme le gouvernement suédois qui prévoit un taux de chômage de 11,7%... dans deux ans.

Dans les pays pauvres, notamment en Afrique, les conséquences seront plus dramatiques encore. Aussi, le G8 affichera-t-il un engagement pour lutter contre la faim dans le monde. Mais quelle est la crédibilité de cette annonce, alors que Berlusconi vient d’admettre « ne pas avoir tenu ses promesses », en ce qui concerne l'aide à l'Afrique ? A peu près la même que celle de l’appel de Sarkozy et Lula, en faveur d’un « ordre mondial plus démocratique, plus solidaire et plus juste ». Comble du cynisme, au moment même où il tente de relancer un programme économique libéral, obligeant les travailleurs à trimer plus longtemps pendant que le chômage explose, Sarkozy écrit que la dimension sociale de la mondialisation est « prioritaire » et que le rôle de l'Organisation internationale du travail (OIT) doit être renforcé.

Philip Grieves