Imaginez que vous ayez une dette d’impôt ou que vous n’ayez pas payé votre loyer : rapidement, vous le sentirez passer... Imaginez que vous ayez poliment retenu quelques heures votre patron pour donner un peu de publicité à l’annonce de la liquidation de votre entreprise : non seulement, vous risquez de perdre votre boulot mais de vous retrouver au tribunal... Ne parlons pas du cas où le DRH aurait déchiré sa chemise. Par contre, si vous vous appelez Bernard Tapie et qu’il est démontré – après de longues années de procédure – que vous devez 404 millions d’euros et que vous avez agi en 2008 pour truander un arbitrage en bénéficiant de la bienveillance du ministère des Finances, eh bien… il ne se passe rien !
Vous commencez par pleurer misère : « Je suis ruiné. Rui-né. Ruiné de chez ruiné… Oui, je suis K.O., je suis très malheureux car la maison que j’ai achetée il y a vingt-huit ans, on va me la vendre aux enchères… je suis désolé mais on va être à la rue, car ils veulent nous prendre tout ce qu’on a… »», avait déclaré Bernard après avoir été condamné en 2015 à restituer les 404 millions d’euros de l’arbitrage frauduleux. Dure la vie... mais en pratique, non seulement vous conservez votre hôtel particulier, mais vous percevez un salaire de 20 000 euros par mois, ramené à 5 000 euros en 2016, des sommes prélevées sur les indemnités de l’arbitrage.
Mais, l’incertitude vous ronge. Alors vous retournez au tribunal (avec un bon avocat procédurier), et là… jackpot ! Mardi 6 juin, la justice a validé votre plan : étaler sur six ans le remboursement des 404 millions d’euros, et déclarer inaliénables vos biens (ils ne pourront donc être ni cédés ni vendus). Vos créanciers (en dernière instance le contribuable) devront donc attendre.
Une bien belle histoire. Mais par contre, vous qui n’êtes pas du même côté du manche, ne vous attendez pas avec Macron à une loi d’amnistie pour les syndicalistes ! Hollande s’en était d’ailleurs déjà dispensé...