La rentrée du 26 février en Seine-Saint-Denis, c’était un peu « Stop ou Encore » pour le plan d’urgence 93.
Le plan d’urgence, construit dans les établissements par les équipes de l’intersyndicale CGT Éduc Action-FSU-Sud Éduc et CNT pendant l’automne, a été présenté le 21 décembre à Bobigny chiffrant précisément les besoins minimums pour fonctionner : 5 000 postes d’enseignantEs, 2 200 AESH (accompagnementE des enfants en situation de handicap), 650 AED (assistantE d’éducation), 320 assistantEs pédagogiques, 175 CPE (conseillerE principal d’éducation), des postes pour les 40 % d’établissements qui manquent d’infirmières et/ou d’assistantes sociales et un collectif budgétaire pour le bâti, car les 2/3 des écoles et établissements du département ne sont pas en état d’accueillir dignement les enfants.
L’AG des établissements réunie le 23 janvier pour faire un premier retour sur les réactions des collègues et établir un plan de mobilisation avait fixé une première étape de visibilité dans le cortège du 1er février. Étape réussie avec un bon millier de personnes derrière la banderole du plan d’urgence, l’AG post-manif avait acté l’objectif : le 26 février, le 93 ne fait pas sa rentrée.
70 % à 85 % de grévistes dans les collèges
Et l’objectif est atteint au-delà des espoirs des équipes militantes. Lundi 26 février, il y avait 40 % de grévistes dans le second degré avec des taux de 70 % à 85 % dans les collèges. Cette journée ponctuée par des assemblées générales d’établissements et de villes, un rassemblement à proximité de Stanislas (le strict opposé à notre quotidien dans le 93), suivi d’une AG départementale a marqué le début d’une grève militante.
Des centaines d’enseignantEs, CPE, AED, AESH se sont déployéEs durant la semaine pour aller à la rencontre des collègues et des parents d’élèves ; des milliers de tracts ont été diffusés devant les écoles et sur les marchés. Mercredi 28 février, une réunion d’information syndicale (RIS) a réuni plus de 290 collègues du premier degré, une étape importante pour l’élargissement de la mobilisation. Des réunions avec les parents ont réuni dans plusieurs villes du département des centaines de personnes à chaque fois, avec le soutien de la FCPE. Des parents accompagnent les enseignantEs dans les actions et organisent des opérations « collèges morts ».
Élargir la mobilisation et renforcer l’alliance personnels-familles
La force de propulsion de cette mobilisation réside dans l’alliance entre les personnels de l’éducation et les familles. Le centre de la mobilisation est dans les collèges, où la mise en place des groupes de niveaux, outre l’absence de moyens humains, entraînerait le renoncement au droit à l’éducation pour tousTEs, avec une partie de la jeunesse parquée dans le groupe des « faibles » ou même des « moyens ». Un tri insupportable pour les enseignantEs qui alimente leur détermination !
Le combat engagé ouvre pour les familles un espoir d’obtenir enfin des solutions aux problèmes dénoncés depuis de nombreuses années : non-remplacement des enseignantEs absents (les enfants du 93 perdent l’équivalent d’un an de cours tout au long de leur scolarité) ; manque d’AESH qui rend impossible l’inclusion de nombreux enfants et crée des tensions insurmontables dans les classes. Et la liste n’est pas terminée. Les familles se saisissent donc de l’alliance et s’impliquent dans la mobilisation, ce qui entraîne aussi un certain nombre de jeunes dans les lycées.
Les objectifs à venir sont maintenant l’élargissement au premier degré et aux lycées le 7 mars, prolongé par la grève féministe du 8 mars, afin de pouvoir se projeter dans un approfondissement de la mobilisation les semaines suivantes. Sans compter l’écho donné par les médias qui découvrent la situation du 93 et couvrent la mobilisation donnant des idées de mobilisation au-delà du département.
Commission Éducation nationale