Depuis la mi-février, collèges et lycées sont mobilisés dans les Hauts-de-Seine (92), rejoints ensuite par la Seine-Saint-Denis (93). Et les vacances scolaires n’ont pas arrêté le mouvement.
Alors qu’en juin 2012, Hollande et Peillon en personne avaient assuré aux collègues des Hauts-de-Seine qu’il fallait « plus de moyens, plus de ressources, plus d’enseignants dans les zones défavorisées », voilà que les dotations pour la rentrée prochaine tombent : sur 31 établissements classés en zone d’éducation prioritaire (ZEP), 27 perdent des moyens. De même en Seine-Saint-Denis, où presque tous les collèges perdent des moyens au profit d’un petit nombre.Le projet de Peillon pour l’éducation prioritaire est en fait de travailler plus pour gagner autant. Autant dire que cela rappelait des mauvais souvenirs aux enseignantEs ! Le ministre ouvre des négociations sur le statut des enseignants, pour graver dans le marbre les reculs qu’il impose aux établissements en éducation prioritaire.C’est pour cela que des établissements se sont mis en grève pour exiger des moyens pour enseigner et étudier ! Cela passe par un coup d’arrêt des réformes Peillon sur l’éducation prioritaire et sur le statut.
Des moyens pour l’éducation !La mobilisation des Hauts-de-Seine s’est répandue comme une traînée de poudre, gagnant des établissements non ZEP, puis s’élargissant à la Seine-Saint-Denis le 13 février, juste avant les vacances scolaires de cette zone. C’est cette solidarité dans la lutte et la compréhension, au fil des mouvements précédents, que la négociation établissement par établissement n’était pas opérante. Cela a permis l’élargissement du mouvement et la construction d’assemblées générales représentatives permettant aux collègues de décider de l’action et du rythme à donner à leur mouvement. Les intersyndicales 92 et 93 ont dû suivre les décisions de ces AG.La grève du mardi 4 mars a permis que la mobilisation franchisse la cap des vacances scolaires. Même si cette grève s’est concentrée sur les bastions déjà mobilisés, près de 150 enseignantEs, représentants 33 établissements se sont réunis en AG, après un rassemblement à proximité de l’Assemblée nationale. Maintenant, il faut réussir à construire les prochaines échéances : une nouvelle grève le jeudi 13 mars et la perspective de construire un pôle enseignants en lutte lors des manifestations du 18 mars.Cette mobilisation doit arriver à passer deux caps. D’une part, faire « tâche d’huile » en région parisienne, en dépassant les deux départements mobilisés et plus largement en entraînant d’autres régions. C’est difficile, mais c’est possible. En février, il y avait eu des départs à Marseille. Avec le retour de vacances de toutes les zones, on peut espérer que la mobilisation reparte de plus belle.D’autre part, il faut arriver à entraîner au-delà des enseignantEs, en s’adressant aux professeurs des écoles, aux lycéens et aux parents d’élèves. Là encore, c’est difficile mais possible. Le 13 février et le 4 mars, les enseignants ont été rejoints par des lycéens qui voulaient une éducation de qualité. Pour gagner face à la volonté gouvernementale, il faut un rapport de forces important. À nous de le construire.
Raphaël Greggan