Le 5 septembre, un assistant d’éducation a été roué de coups à l’entrée du lycée Suger, par un groupe d’élèves entourant un jeune non scolarisé dans l’établissement qui voulait en forcer l’entrée. Le jeune surveillant, nouvellement affecté au lycée, a un arrêt de travail de 15 jours...
Dès le lendemain, les enseignantEs ont arrêté le travail et appelé à la mobilisation. Ils ont trouvé le soutien d’une soixantaine d’élèves et d’un groupe de parents. Inédit dans ce lycée situé aux abords de la cité des Francs-Moisins qui connaît régulièrement des intrusions, des dégradations, voire même des agressions d’élèves.
Réunis chaque jour en assemblée générale, enseignantEs, élèves et parents se sont mis d’accord sur les revendications : cinq postes d’AED supplémentaires et le remplacement du conseiller principal d’éducation absent, en insistant sur la volonté de résister à la violence par l’augmentation du nombre de personnels capables de discuter et de désamorcer les tensions. La situation de Suger est significative de la dégradation des conditions dans un établissement pourtant classé en Zone de prévention violence : alors que le nombre d’élèves est passé de 600 à 1 300 et que la surface de bâtiments a doublé, il y a exactement le même nombre de surveillants (8), ce qui explique que l’AED se soit trouvé seul devant l’entrée.
Une expérience collective
Au bout de quatre jours de mobilisation médiatisée, le ministère a été obligé de recevoir des représentantEs du personnel, des élèves et de la municipalité. Mais ce n’était que pour leur tenir des discours lénifiants et les renvoyer vers le rectorat qui leur avait déjà expliqué que ce lycée avait beaucoup d’AED et qu’il fallait réfléchir à augmenter le temps de travail de ces personnels précaires...
Finalement il a fallu une semaine de grève supplémentaire et une manifestation samedi 16 devant la mairie pour obtenir un poste de surveillant et l’embauche d’un contrat en CUI, soit un demi-poste supplémentaire. Évidemment pas satisfaisant, mais les grévistes ont décidé lundi 19 septembre de reprendre le travail, en spécifiant leur vigilance à ne tolérer aucune dégradation des conditions de travail des surveillantEs.
Deux semaines de grève à la rentrée, pas vraiment courant dans l’Éducation : une indication de l’inquiétude des salariéEs mais aussi des élèves et d’une volonté de ne plus encaisser sans moufter. C’est une expérience collective qui a établi un rapport de forces avec les différents échelons hiérarchique de l’Éducation nationale et des liens qui vont perdurer dans les mois à venir.
Cathy Billard