Le 8 septembre dernier, Jean-Léonce Dupont, le président du conseil départemental (CD) du Calvados, annonçait des modifications des secteurs scolaires dont la fermeture d’un collège, celui du Val-de-Vire (à Vire-Normandie, 11 000 habitantEs). J-L Dupont n’en est pas à sa première fermeture : pas moins de 7 collèges ont été fermés dans le Calvados depuis qu’il en est à la tête !
C’était sans compter la mobilisation extraordinaire des personnelEs des deux collèges (celui censé fermer et celui censé accueillir les élèves), des parents d’élèves, des élèves, des habitantEs du quartier. Cette locomotive a été suffisamment forte pour entraîner une majorité de commerçants du quartier concerné mais aussi de la ville dans son ensemble, ainsi que, de gré, de force ou par opportunisme, la totalité des éluEs de la municipalité, qu’ils soient de la majorité macroniste ou des oppositions de droite et de gauche. Ainsi, le maire de la ville, également vice-président du conseil départemental et porteur du projet de fermeture, s’est retrouvé très rapidement isolé.
« Les lundis de la colère » pour garder les services publics
En trois mois, la mobilisation a organisé des manifestations et des rassemblements (à Vire et à Caen, préfecture du Calvados), des interpellations des éluEs dans les différents conseils territoriaux (conseils municipal, communautaire, inter-communautaire et départemental), une pétition... Elle a imposé son propre calendrier, boycottant les réunions institutionnelles organisées par le CD et le rectorat, réclamant des audiences à la sous-préfecture, au CD, chahutant le président du CD il y a quelques semaines quand il s’est enfin décidé à s’adresser aux principales personnes concernées !
Rassembler autant de personnes a été le premier succès de cette mobilisation inédite. C’est d’ailleurs elle qui a provoqué l’annonce d’un report d’un an de la fermeture lors de la réunion chahutée avec Dupont. C’est elle qui a poussé le maire de Vire à finalement renoncer, il y a une semaine, à son projet de fermeture, c’est elle qui a su mobiliser d’autres collèges du département avec les « lundis de la colère » durant lesquels les collèges diffusaient des photos de rassemblements de personnels avec banderoles et slogans.
Le 21 novembre dernier, le conseil départemental de l’Éducation nationale, devant rendre un avis sur cette fermeture, s’est exprimé contre. Il ne reste plus qu’à convaincre les éluEs de la majorité au CD de voter eux aussi contre cette fermeture de service public en milieu rural. À moins que le président du CD renonce de lui-même à ce projet devant la fragilité de ses arguments (une prétendue baisse démographique) et la force de la mobilisation. En effet, initialement prévu en février prochain, le vote a été avancé pour éviter que la position de la majorité du CD ne se délite chaque jour un peu plus. Quoi qu’il arrive, jamais la contestation d’un projet du département n’aura été aussi forte. Et elle est la preuve que se mobiliser, c’est possible et c’est utile.