Publié le Mercredi 17 décembre 2014 à 12h37.

Zéro pointé pour ce gouvernement !

Priorité à l’Éducation qu’il disait… En deux ans et demi, Hollande et ses ministres de l’Éducation nationale ont mis le paquet pour ne pas faire moins que Sarkozy...

Ainsi, sur les 60 000 postes promis, 3 600 ont été créés selon le Monde depuis 2012. Pire, la mise en place de la loi de territorialisation Peillon (votée par le PS et le PCF) avance à la vitesse grand V.

Les statuts menacésLe statut des enseignantEs contribue fortement à préserver le caractère national de l’école, c’est pourquoi le gouvernement l’a d’emblée ciblé. Dans le premier degré, les statuts sont grignotés peu à peu, par la bande, depuis 2009. Pour les enseignantEs qui ont accepté bon an mal an d’appliquer la réforme, cela s’est traduit par un allongement de certaines journées ou par des trimestres « blindés » pour se décharger de ces 108 heures annuelles.Le coup de massue est venu de l’actuel gouvernement puisqu’entre autres déréglementations, la réforme des rythmes scolaires permet une nouvelle entaille dans le statut des personnels, en les soumettant aux directives municipales en termes d’horaires, mais aussi de certains contenus que les villes prennent en main sous couvert d’ateliers découverte. Tout cela dans le cadre du projet éducatif territorial.Dans le secondaire, le service des enseignantEs est organisé par les décrets de 1950, le limitant aux seules heures de cours disciplinaires. Tout le reste s’effectuait à la libre appréciation du professeur, à de rares exceptions près. Issu de mois de « concertations », un nouveau décret statutaire doit s’appliquer à la rentrée 2015, entraînant l’abrogation des décrets de 1950 contre lesquels pestaient les gouvernements, tant ces décrets entravaient la mise en place des contre-réformes.Le gouvernement est sur le point de parvenir à une « avancée historique », en intégrant dans les obligations des tâches autres que l’enseignement, définies localement et soumises à contrôle des chefs d’établissements, dans la limite des 1 607 heures de la fonction publique. Le début de mise en œuvre de ce décret en éducation prioritaire (REP+) indique les contraintes qui s’imposeront, dans un cadre où le temps de présence s’allongera.Au-delà, la redéfinition du statut rend possible, entre autres attaques, des mesures sur le contenu même de l’enseignement.

Offensive sur les programmesDepuis plusieurs mois, le gouvernement et son conseil supérieur des programmes multiplient les annonces. Un « nouveau » socle commun a été dévoilé : un enseignement au rabais, déqualifiant et structuré autour des compétences issues du monde de l’entreprise. Dans cette optique, les enseignements disciplinaires seraient relégués au second plan... Pour la masse des jeunes, tout serait réduit aux « notions de base ».Les programmes constitueraient désormais la déclinaison du socle et seraient adaptables en fonction des contextes locaux et des « publics » (le « curriculum »).Les déclarations d’intention du gouvernement sur « l’évaluation bienveillante » s’inscrivent dans ce cadre et ne peuvent tromper personne : il s’agit pour lui d’imposer l’enseignement par compétences, d’en finir avec toute référence nationale sur les programmes, ouvrant ainsi la voie à l’explosion des inégalités et à la casse des examens (brevet puis bac) et diplômes nationaux.

L’opposition granditIl y a quelques mois, les mobilisations à répétition chez les enseignants du premier degré contre les « nouveaux » rythmes, les grèves en prépas ont constitué des premiers signes.Depuis quelques semaines, des mouvements de grève se développent dans nombre d’établissements contre la contre-réforme de l’éducation prioritaire, sous prétexte de prendre en compte les nouvelles réalités, le gouvernement déshabille Pierre pour habiller Paul, alors qu’en réalité, la situation sociale justifierait amplement une extension massive des moyens alloués.En parallèle, la FSU et ses deux principaux syndicats, le SNES et le SNUipp, viennent de subir une baisse d’une ampleur inédite dans les élections professionnelles. À l’évidence, via le « dialogue social », la prise en charge complète par les dirigeantEs de la FSU de la politique anti-scolaire du gouvernement est rejetée par les enseignantEs.De nouvelles mesures réactionnaires issues de la loi Peillon sont attendues. La mobilisation actuelle dans l’éducation prioritaire est un point d’appui et doit s’élargir à l’ensemble de la politique scolaire du gouvernement, dès janvier quand seront annoncées les dotations dans les écoles et le secondaire. Une activité inséparable des initiatives à prendre pour la rupture des « concertations » syndicats-gouvernement, pour combattre et stopper cette politique.

Denise Sarraute et Eric Aba