Le vendredi et le samedi 16 et 17 novembre, les personnels mobiliséEs de la Bibliothèque nationale de France (BnF) étaient sur le piquet de grève, dès l’ouverture, afin de s’adresser au public et à leurs collègues sur les raisons de la colère.
Après avoir exigé et obtenu de rencontrer la direction pour discuter de leurs revendications, les grévistes sont allés s’adresser aux lecteurEs du rez-de-jardin en entonnant des slogans et en faisant le tour des salles. De nombreux usagerEs leur ont d’ailleurs marqué leur soutien en versant à la caisse de grève !
Vers l’aggravation d’une situation catastrophique
Sur la question des suppressions de postes, il faut commencer par rappeler que le ministère de la Culture a toujours été « en pointe » au sein de la fonction publique. Le nouveau train de réformes intitulé CAP 2022 prévoit d’ailleurs une diminution de près de 10 % des effectifs, soit plus de 1 000 suppressions de poste à l’échelle ministérielle. Pour la BnF cela équivaudrait à plus de 200 postes… Sachant que la situation y est déjà catastrophique :
il n’y a déjà plus assez de personnels pour assurer l’ensemble des missions de la bibliothèque…
Pourtant, la direction fait le choix de s’entêter dans la même voie. La nouvelle réorganisation du service public qu’elle tente de nous imposer ne servirait qu’à cacher la misère, tout en précarisant encore plus la situation des travailleurEs vacataires et les conditions de travail de l’ensemble des employéEs de la BnF. Au centre des propositions : l’augmentation de la charge de travail avec la possibilité de passer à une base de 14 samedis travaillés (contre 10 maximum à présent) pour les magasinierEs ! La direction évoque également la possibilité de ne venir travailler qu’une demi-journée sur les samedis, accompagnée de l’arrêt des communications de livres le samedi matin et le report des prélèvements sur les équipes de l’après-midi (30 % de travail en plus pour les agents). Une proposition ridicule qui serait d’autant plus lourde pour celles et ceux qui ont de longs trajets depuis leur domicile...
Pour des embauches, contre la précarité
Pour le reste, les recettes sont toujours les mêmes, notamment à travers le recours accru aux contrats de « moniteurs-étudiants », qui sont des contrats ultra-précaires qui ne peuvent pas mener à de véritables embauches. D’autant que cette mesure s’ajoute aux nombreux contrats précaires subis aujourd’hui par les vacataires. Les grévistes se mobilisent également pour leurs embauches et leurs titularisations !
Enfin, le ministère de la Culture a alloué en début d’année 540 000 euros à la BnF pour le rééquilibrage et l’augmentation des primes des personnels (dont les salaires sont très bas, et comme partout gelés depuis de nombreuses années). Une rallonge dont ils et elles n’ont toujours pas vu la couleur, et pour laquelle ils vont devoir se battre s’ils veulent qu’elle soit effectivement redistribuée, et ce de manière équitable entre les différentes catégories au sein de la bibliothèque !
Pour l’emploi, les salaires, les conditions de travail, contre la précarité et pour la défense des services publics, ces deux journées de grève ne suffiront pas. En plus de l’ensemble de ces revendications locales, il nous faudra pour peser construire une mobilisation à l’échelle de l’ensemble du ministère, mais également de l’ensemble de la fonction publique contre le plan mortifère CAP 2022 du gouvernement Macron.
Manon Boltansky