Le 12 septembre 2019 se tenait à nouveau un procès de Laura Pfeiffer dans le cadre de l’affaire Tefal. L’inspectrice du travail est en effet poursuivie depuis plus de 5 ans pour recel et violation du secret professionnel suite à une plainte de l’entreprise Tefal.
Tefal reproche à l’inspectrice du travail d’avoir communiqué à l’ensemble des organisations syndicales du ministère du Travail, ainsi qu’au Conseil national de l’inspection du travail, des documents qui lui avaient été transmis par un salarié de l’entreprise. Ces documents prouvaient l’existence d’une collusion entre son directeur départemental et Tefal, visant à évincer l’inspectrice, jugée trop gênante. Le même responsable hiérarchique sollicitait ensuite un stage au sein de l’entreprise pour un membre de sa famille… Alors qu’elle n’a fait que se défendre contre des pressions illicites, alors que le Conseil national de l’inspection du travail a reconnu la défaillance de la hiérarchie dans la protection de son agente, Laura a pourtant été condamnée pour recel ! Ce nouveau procès intervient après l’annulation de la condamnation par la Cour de cassation, qui a considéré que la situation de Laura Pfeiffer n’avait pas été jugée au regard de la législation sur les lanceurs d’alerte.
Collusion à tous les étagesL’affaire Tefal illustre tristement la collusion qui existe entre les directions des grandes entreprises et les patrons publics. Ces derniers n’hésitent pas à se rendre des services pour défendre leur intérêt commun et à s’organiser avec le plus grand cynisme pour faire taire celles et ceux qui les dérangent. Quant aux ministres du Travail successifs et leurs directeurs généraux, ils et elles n’ont apporté aucun soutien à Laura Pfeiffer. Pire encore, cette affaire lamentable leur a servi de prétexte pour lancer une chasse aux syndicalistes dans le ministère du Travail, alors que c’est l’encadrement qui patauge dans les conflits d’intérêts. Sous couvert de défense de la « déontologie », les sanctions à l’encontre de militantEs et les entraves à l’exercice du droit syndical se sont multipliées au cours des dernières années.
Une mobilisation sur la duréeAu terme d’un procès qui a vu l’avocat de Tefal étaler son mépris de classe, et le parquet reprendre peu ou prou ses arguments, le tribunal a annoncé qu’il rendrait son délibéré le 24 octobre.Face à ces pressions, face à une justice plus que bienveillante envers le patronat, les agentEs de l’inspection du travail comme les salariéEs ne peuvent compter que sur leur solidarité. Chacun des procès de Laura Pfeiffer était accompagné d’une journée de mobilisation nationale à l’appel de la majorité des organisations syndicales du ministère. Jeudi 12 septembre, ce sont encore près de 300 personnes, agentEs du ministère du Travail, salariéEs de Tefal et syndicalistes de la région lyonnaise, qui ont manifesté leur soutien devant le tribunal. Au ministère du Travail et ailleurs, il est plus que jamais urgent de construire des fronts communs contre la répression, quelles que soient ses formes.
Comité inspection du travail