Les salariéEs des transports urbains de la Communauté urbaine d’Alençon (CUA), notamment des bus Alto, sont en grève depuis le 28 février contre un projet de réorganisation. Une grève reconduite chaque jour et qu’ils viennent de reconduire jusqu’au 10 mars. L’occasion de rencontrer Olivier Paint, délégué syndical CGT.
Peux-tu expliquer les raisons qui ont motivé cette grève dans les transports urbains de la Communauté urbaine d’Alençon ?
Depuis très très longtemps, nous n’avons eu aucune augmentation salariale, et aujourd’hui avec l’inflation et la hausse de tous les prix nous réclamons la hausse du point d’indice, qui rattrape au moins l’inflation, car nous avons des petits salaires… Nous voulons aussi conserver les 11 jours sans carence, que nous avions obtenus en 1991.
Le 2e acquis que nous défendons, c’est la semaine de 4 jours. La direction veut nous faire travailler sur 5 jours. Cela impliquerait une amplitude horaire quotidienne quasi identique à celle que nous avons sur 4 jours, mais avec des coupures importantes. Une coupure de 6 heures pourrait avoir lieu dans une journée. Il faut savoir qu’un certain nombre de salariéEs ne vivent pas sur la CUA, et qu’ils et elles verraient encore moins leur famille, puisqu’ils et elles commenceraient tôt le matin et finiraient tard le soir.
Mais pourquoi toute cette réorganisation ?
La direction veut mettre plus de bus tôt le matin, par exemple sur les lignes qui desservent les lycées, mais moins aux heures creuses, et cela à moyens humains constants.
Cette réorganisation aura sûrement des conséquences sur la population ?
Oui, cette réorganisation aura des conséquences, surtout pour une couche de la population pauvre qui n’a pas de voiture et qui est obligée d’utiliser les bus, et pour les personnes à mobilité réduite, les personnes âgées. Mais aussi pour les femmes de ménage par exemple qui pour certaines prennent le bus afin de se rendre sur les différents lieux de leur activité professionnelle en cours de journée.
Le point le plus grave pour la population, avec la réorganisation des lignes, c’est que certains lieux ne seront plus desservis à certains moments de la journée : l’hôpital, la clinique, la mairie, la Cité administrative... De ce fait, ces personnes pourraient être obligées de faire appel à des taxis ; cela leur coûterait beaucoup plus cher. À l’heure où on parle de crise écologique, de moins utiliser les voitures et donc de prendre les transports en commun, cette réorganisation est antiécologique !
Il faudrait donc augmenter le nombre de conducteurEs pour améliorer les transports ?
Oui, il faudrait augmenter le nombre de conducteurEs. Les transports sur la CUA sont une délégation de service public donnée par la CUA à Alto. C’est pourquoi nous avons déjà rencontré le responsable d’Alto pour lui présenter nos revendications tant sur nos conditions salariales que sur la qualité du service rendu à la population. Ce que nous avons aussi développé auprès d’un élu venu nous rencontrer.
Ne crois-tu pas qu’un retour à une régie intercommunale serait la meilleure solution pour vous salariéEs et pour la mise en place d’un véritable service public des transports sur la CUA de qualité ?
Sûrement... Alto, c’est Boubet, une entreprise implantée un peu partout en France, et eux ce qu’ils veulent, c’est faire du fric !
Propos recueillis par Christine C.