1958-2010 : itinéraire d’une usine où le profit est le maître-mot, et la santé des salariés... sans intérêt pour les patrons.
En 1958, le terrain un offert par la municipalité et Lookheed s’y installa. 2400 salariéEs dans les années 1970, ce qui faisait de cette usine un fleuron ouvrier de la ville…
Lookheed, DBA (Dussolier-Bendix-Air équipement), Bendix France, Allied Signal, Bosch : l’usine passa de mains en mains pour le plus grand bénéfice des capitalistes.
Les camarades militants (à la CFDT à l’époque) menèrent de nombreux combats : cinq semaines de grèves en 1975 contre le transfert de l’atelier de production de freins à disques à Angers, pour les conditions de travail… Ces combats ont fait que cette usine fut la première à faire les 40, puis les 35 heures dans le Beauvaisis… C’était « une bonne boîte », grâce à tous ces combats… Cela a permis aussi de reporter de 20 ans la fermeture qui fut rapidement un enjeu patronal. Avec les vagues successives de licenciements, les ventes de secteurs, les délocalisations, les départs en préretraite « amiante » dans les années 2000, Bosch ferma définitivement l’usine en 2010 avec un dernier plan concernant 240 salariéEs.
Le dernier combat des salariéEs : l’amiante
En 2012, 387 salariéEs déposent un dossier aux prud’hommes pour faire reconnaître le préjudice d’anxiété due à l’amiante. Ils créent un collectif, nommé « les Dé-boschés ». Ils gagnent en 2014 une indemnisation de 5000 euros. En 2015, la cour d’appel d’Amiens casse le jugement, au prétexte que quand Bosch a racheté l’usine, il n’y avait plus d’amiante ! La production (plaquettes de freins) a effectivement été amiantée de 1966 à 1985, mais cela a permis à Bosch d’organiser des départs en retraite « amiante » non compensés par des recrutements et de fermer la boîte derrière!
En 2017, la cour de cassation donne raison aux salariéEs, mais cela devait repasser en appel, cette fois à Douai pour évaluer le montant de l’indemnisation… La cour d’appel a été convoquée en juin 2020 et le délibéré vient de tomber : 8 000 euros pour chacunE des salariéEs.
C’est une victoire importante : faire payer les patrons pour leur incurie face à l’amiante. Et n’oublions pas que pendant ces huit ans, 27 salariéEs sont décédéEs, dont une bonne partie du cancer dit de l’amiante (cancer de la plèvre) ou plus généralement de cancers.
D’autres procès sont en cours : quatre dossiers pour « faute inexcusable de l’entreprise » concernent des salariéEs malades…
Nos vies valent plus que leur profit !