Pour avoir simplement fait son travail – et notamment relevé des clauses illégales dans un accord sur le temps de travail ou mis en demeure l’entreprise d’installer un système de captation d’émanations chimiques – une inspectrice du travail d’Annecy fait l’objet depuis deux ans d’un véritable acharnement de la part de la direction de Tefal.
Medef, préfet, Renseignements généraux… tous les réseaux du pouvoir ont été mobilisés pour tenter d’obtenir la mutation de l’inspectrice, comme l’attestent des documents internes auxquels elle a pu avoir accès. Après avoir dressé un procès-verbal pour obstacle à ses fonctions et transmis ces documents aux syndicats, elle est assignée ce vendredi 5 juin en correctionnelle par Tefal pour recel de documents confidentiels et violation du secret professionnel. Elle risque de lourdes peines, de même que le salarié à l’origine de la fuite, licencié pour faute lourde.
Si Tefal se permet d’agir ainsi, c’est aussi parce que l’inspectrice n’a bénéficié d’aucun soutien interne. Le ministère du Travail et sa hiérarchie ne sont jamais intervenus pour condamner les pressions, alors même qu’un avis du Cnit (Conseil national de l’inspection du travail) les a reconnues et a dénoncé le silence de l’administration. Celle-ci a également refusé toute enquête pour faire reconnaître les arrêts maladie de l’inspectrice en accident du travail, lui reprochant même des manquements de service...
Un procès politique
À ce jour, ni Rebsamen ni Taubira ne se sont exprimés pour soutenir l’inspectrice. Quant au procureur d’Annecy, tout acquis à la cause de Tefal, il a choisi de poursuivre la plainte visant l’inspectrice du travail sans se soucier de son procès-verbal d’obstacle. Pire : interrogé par l’Humanité, il ne montre aucun état d’âme et déclare que l’audience sera l’occasion de « faire le ménage » à l’inspection du travail... Il n’y a pas de hasard. Avec la loi Macron, si le gouvernement prépare la dépénalisation des infractions patronales, avec Tefal, le procureur d’Annecy prend les devants en traînant sur le banc des accusés le droit du travail et l’inspection du travail !
L’intersyndicale du ministère du Travail (CGT, SUD, FSU, CNT, FO) dénonce à juste titre un procès politique : celui d’un métier tourné vers la défense des salariés, dans le contexte où 10 % des postes de contrôle viennent d’être supprimés. Ils appellent à la grève ce 5 juin et, avec les syndicats CGT et FO de Tefal, appellent à un rassemblement, auquel s’associe le NPA 74, le même jour à 14 heures devant le tribunal d’Annecy.
Le comité inspection du travail – Pôle emploi Île-de-France et correspondant local