Les constructeurs automobiles viennent d’obtenir du Parlement européen l’abandon de toute nouvelle mesure visant à diminuer la pollution émise par la circulation automobile. Le gouvernement français avec d’autres pays est-européens, dont la Hongrie de Orban, était à la manœuvre.
Il est maintenant bien connu que la circulation automobile constitue l’un des principaux facteurs du réchauffement climatique et que les émissions polluantes du transport routier continuent d’augmenter, à rebours de ce qui se passe dans d’autres secteurs.
Des normes impuissantes à ralentir la pollution
Pourtant, depuis 1992 des normes européennes fixent des seuils pour les émissions polluantes automobiles. En 2015, il y a eu les fraudes révélées par le fameux « Dieselgate » de Volkswagen, et aujourd’hui des enquêtes judiciaires sont toujours en cours visant Renault et Stellantis. Mais, en toute légalité, les tests officiels sont très éloignés des conditions réelles de circulation. Surtout, le nombre de voitures en circulation en Europe augmente avec des véhicules de plus en plus puissants, donc émettant chacun d’avantage de pollutions. Au moment où on nous parle de « sobriété », c’est l’explosion des voitures SUV, plus forteresses les unes que les autres avec un poids souvent supérieur à 2 tonnes.
Malgré ces constats reconnus, les constructeurs automobiles ont pourtant obtenu un vote pour une nouvelle norme Euro 7 au contenu largement identique à celle actuellement en vigueur depuis 2015. De fait, Renault avait anticipé cette décision en commençant à démanteler dès l’année 2022 les équipes du centre d’études de Lardy en charge des moteurs thermiques.
Cent millions de voitures thermiques toujours aussi polluantes
L’argument principal des firmes automobiles est qu’avec le véhicule électrique il n’est pas nécessaire de modifier des moteurs thermiques car ils ne seront plus vendus en Europe dans douze ans. Il n’empêche que, selon les prévisions des firmes automobiles elles-mêmes, cent millions de voitures thermiques seront encore vendues en Europe d’ici à 2035. Et elles circuleront encore longtemps ! Les voitures ont une durée de vie moyenne qui s’allonge, de 7 ans en 2000 à 11 ans en 2022 pour la France. Ce phénomène, dû au renchérissement du prix des voitures neuves, va encore s’amplifier encore avec les voitures électriques. Nombre de voitures thermiques vendues en 2035 seront encore en circulation en 2050 avec des normes définies un demi-siècle avant. Voilà où mènent ces décisions !
Au mois de mai 2023, Macron avait appelé à une « pause réglementaire » et Bruno Lemaire avait précisé « La norme Euro 7 n’est pas utile » alors que les conséquences en matière de santé publique et de réchauffement climatique sont bien documentées.
L’industrie automobile affiche des profits records en pleine transition vers la voiture électrique, et pour pouvoir réaliser, comme annoncé, des objectifs de rentabilité encore plus élevés, elle veut pouvoir continuer à polluer. Leurs profits avant nos vies ! Oui, un monde à changer !