Publié le Mercredi 9 novembre 2022 à 19h00.

Auxiliaires de vie Domidom à Caen : une troisième semaine de grève très active !

Les auxiliaires de vie de l’agence Domidom de Caen sont en grève illimitée depuis mardi 18 octobre. Elles ne sont qu’une quinzaine des centaines de salariées de cette entreprise privée, filiale du groupe Orpéa.

Au piquet, tenu tous les jours de la semaine de 8 heures à 17 heures, parfois avec les enfants, des conjoints ou des proches, la grève est toujours aussi populaire auprès des passantEs. Le vrai problème des grévistes reste le contact avec d’autres salariées de Domidom. Elles-mêmes ne se sont réellement rencontrées que dans la grève. Avant cela, chacune d’entre elles ne connaissait au mieux que trois ou quatre collègues. La préparation de la grève a amené la mise en commun de tous ces contacts et permis de démarrer avec un noyau d’une quinzaine de grévistes. Pourtant, aujourd’hui encore, les auxiliaires de vie ont toutes les peines du monde à rencontrer les aides ménagères qui composent l’autre partie du personnel de Caen. Quant à entrer en relation avec les salariées des quelque 60 autres agences disséminées dans toute la France, c’est encore plus difficile.

Les grévistes à l’Assemblée nationale

Pour briser cet isolement, les grévistes ont misé sur la médiatisation de leur grève. Sur les réseaux sociaux, elles postent de courtes vidéos de leurs actions ou des résumés de la situation de leur mouvement. Tandis que la presse locale a bien couvert leur mouvement, les journaux, radios et télés nationales l’ignorent. Alors jeudi, à l’invitation du député socialiste local et de François Ruffin (dont le documentaire Debout les femmes ! sorti l’an dernier traitait de leurs conditions de vie et de travail), les grévistes sont montées à Paris à l’Assemblée nationale. Des cadres d’Orpéa ont dû les recevoir dans la foulée. Mais le relais médiatique est resté cantonné aux réseaux sociaux. Le 49.3 utilisé dans la journée a contribué à vider l’Assemblée des journalistes…

Entre 5 et 70 euros net mensuels d’augmentation proposés

Quant à la direction de Domidom, elle campe pour l’instant sur ses positions : augmentation des frais kilométriques et prise en charge de la moitié des frais d’une assurance dite de « prévoyance professionnelle » (pour couvrir les conséquences d’accidents de travail) dont seuls les cadres sont pourvus (à 100 %, eux). Pour les salaires, on peut à peine parler d’augmentation : 70 euros net mensuels pour les mieux loties… et 5 euros pour les moins bien classées ! Les payes des auxiliaires se trouveraient non pas augmentées mais réduites à l’issue de la grève avec la ponction de la part de « prévoyance professionnelle » qui serait à leur charge ! Pour l’éviter, la direction évoque — oralement — la possibilité de faire grimper les grévistes dans la grille salariale. Une manière de leur donner quelques miettes à elles… et rien aux centaines d’autres salariées Domidom.

Soudées face aux manœuvres

Les grévistes ne sont pas dupes de la manœuvre. Pas plus que de celle consistant à verser la paye d’octobre, amputée de dix jours de grève, dès ce vendredi 4 novembre alors que d’habitude elle tombe plus tard. Samedi soir, elles organisaient une fête de soutien à leur lutte. Musique, danse, petits plats et boissons : rien ne manquait. Cela a été l’occasion de discussions utiles, de collecter un peu du soutien financier nécessaire pour combler les plus gros trous dans les payes, et aussi de chanter ensemble leur chant préféré : « Oh-lé-lé,/ oh-la-la,/ y’en a plus que marre,/ du groupe Orpéa ! » Les grévistes sont soudées et sont loin d’avoir tiré toutes leurs cartouches…