Fin 2014, la Direction Service courrier-colis de Basse-Normandie annonçait son nouveau plan « réorg 2015/2016 ». Au menu : suppression de tournées, modification des horaires de livraison du courrier dans les centres, durée hebdomadaire de travail entre 39 h 22 et 42 h 00, baisse des véhicules de 20 % et mise en place de la pause méridienne pour les facteurs finissant après 13 h 45 sur tous les sites bas-normands...
«La pause méridienne » voilà une expression qui cache, par des mots synonymes de repos, un outil pour la direction de La Poste pour faire plus de gains de productivité sur le dos des facteurs. En effet, cela signifierait pour les facteurs de démarrer à 7 h 35, de revenir dans leur bureau ou d’aller dans un point de restauration à 12 h, et de repartir à 12 h 45 pour finir leur service à 15 h 30, en permettant ainsi à la Poste de récupérer la pause actuelle de 20 min actuellement payée.Face à cette annonce, les organisations syndicales bas-normandes CGT, SUD, CFTC et FO Manche et Orne ont décidé de s’unir... Une unité syndicale inédite dans notre région. Les équipes syndicales combatives ont fait passer l’idée qu’il ne faut pas attendre les réorganisations que la boîte fait bureau par bureau, et donc d’être obligé de se battre seuls, mais bien de se battre ensemble avec le même objectif. Car c’est la seule façon d’entrevoir la victoire. Après une campagne de pétition signée par 70 % des facteurs de la région, la grève a démarré le 24 février.Dans le Pays d’Auge, la grève est massive : 100 % sur les bureaux de Cambremer, Orbec, Honfleur et Livarot, 90 % sur Pont-l’Évêque, 80 % sur Lisieux, 50 % sur Deauville, Cabourg et Dives. 70 % des tournées sont à découvert, non distribuées. Les chiffres sont très forts aussi dans l’Orne et dans la Manche. Nous avons alors pris conscience que ce ne sera pas un mouvement comme les autres.
Retrait de la pause méridienneLa manifestation à Caen a rassemblé plus de 600 facteurs de toute la région. Une AG avec plus de 500 facteurs s’est organisée et la reconduction votée à l’unanimité. Décision est prise de faire des AG locales et de bloquer les camions des centres.Sur la « plaque » de Lisieux, La Poste nous a envoyé son package habituel : huissier, RG, menaces... Les facteurs ne se sont pas laissés intimider, cela a même renforcé leur envie de se battre. Pour la première fois, une AG est organisée dans le centre avec les grévistes et les non-grévistes, avec le slogan « Aujourd’hui la peur a changé de camp, il faut nous rejoindre ». Ce sera le cas de 3 non-grévistes !La direction a du négocier et lâcher sur la principale revendication, à savoir le retrait de la pause méridienne. Par écrit, elle s’est engagée à revenir sur l’organisation du travail prévue à Honfleur au mois de juin et à tenir compte du protocole pour celles à prévoir sur tous les autres centres courrier du secteur d’ici fin 2016. Cet engagement pris est aussi une victoire pour les usagerEs, pour lesquels notre lutte garantit une distribution matinale du courrier, et non en fin de journée, comme La Poste le souhaite.Cette victoire est historique : pour tous les postierEs grévistes du pays d’Auge, il y a un avant 24 février et un après. Dans le reste de la région, la plupart des négociations ont eu lieu bureau par bureau et non pas par plaque, mais beaucoup de bureaux importants ont obtenu le retrait du projet de la direction (Cherbourg, Flers, Alençon, Argentan, etc.). Certains secteurs continuent à être très mobilisés car la direction n’a toujours pas lâché, notamment dans l’agglomération de Caen où la grève est toujours en cours à l’heure où nous écrivons. Un nouveau rassemblement était prévu lundi 2 mars devant la direction régionale.
Christophe, facteur à Lisieux (14)