Publié le Dimanche 13 décembre 2020 à 14h13.

Borg Warner déménage son usine corrézienne en Hongrie : 370 licenciements

Menée en bateau depuis 6 mois, l'intersyndicale CGT-FO-CGC valide le PSE, moyennant des primes extra légales d'un montant « confidentiel ».

Les pouvoirs publics au service du capital

1995, l'usine de La Marque installée à Tulle depuis des siècles est à vendre. Le maire chiraquien et les collectivités arrosent l'équipementier automobile Borg Warner (BW) qui promet plus de 600 emplois.

2006, BW déménage à 15 kms sur une zone industrielle co-financée par les collectivités chiraquiennes et socialistes : deuxième arrosage. Hollande, maire de Tulle, organise un fructueuse opération immobilière sur le site historique. Pendant 15 ans, les millions d'€uros de bénéfices seront remontés au siège de la multinationale américaine.

Un syndicalisme de statut

On est loin de l'usine de La Marque réquisitionnée par le comité de libération de Tulle en 1944. Comme souvent en Corrèze, CGT et FO se partagent les élus.

L'emploi oscille, avec les intérimaires comme variable d'ajustement. Les CDI ont gardé les avantages acquis en 1945, moyennant les cadences imposées par BW. Ils ne se mobilisent que lorsque les acquis sont remis en cause.

Premier « coup de massue »

Juin 2020, annonce du déménagement en Hongrie. La manne publique est épuisée. La rumeur courait, les syndicats n'ont rien prévu.

« Coup de massue » titre la presse locale et régionale. Les élus poussent des cris d'Orfraie, l'inter syndicale CGT-FO-CGC est « sous le choc ». Le PCF relance son « produisons français  ». Hollande promet d'intervenir.

Une manifestation consensuelle de plusieurs milliers de personnes parcoure Tulle, élus côte à côte, et rideaux baissés. Avec quelques camarades, nous sonorisons la colère, distribuons un tract combattif. Succès d'estime mais défilé traine savate sans lendemain.

Lemaire reçoit les syndicalistes de BW à Bercy. Ils se disent « rassurés ». Les élus débloquent déjà de l'argent pour le futur repreneur que BW s'engage, comme le veut la loi, à démarcher. Le marché de dupes commence.

Incompétence et illusions syndicales

Nous proposons à l'UD CGT la création d'un comité de soutien pour l'arrêt pur et simple des licenciements et la constitution d'un groupe d'action CGT avec les métallurgistes  du département : « on voudrait bien mais c'est trop compliqué ». Le PCF pilote un quatre pages de la CGT qui vante les compétences ouvrières et la rentabilité du site. Ce sera tout. « Les salariés ne veulent pas se battre » parait-il.

Élus et presse locale misent sur un repreneur. BW embauche une DRH tueuse en CDD pour liquider l'usine.

En attendant le sauveur

Les salariés sont partagés : attente d'un repreneur ou fatalité du chèque. On multiplie les heures supplémentaires, le nombre d'intérimaires est triplé. BW « démontre » que l'usine perd de l'argent. Le cabinet missionné par les syndicats prouve le contraire.

Certains commencent à s'impatienter. Et là, miracle, le groupe Punch qui avait déjà prétendu reprendre Ford Blanquefort, joue le sauveur.

Les élus et la presse s'auto congratulent, classique communiqué intersyndical: « 250-300 emplois, c'est mieux que rien, restons vigilants». Pas un mot sur les 150 intérimaires, sur les sous-traitants, plusieurs centaines d'emplois.

Second « coup de massue »

Jeudi 4 décembre SMS du directeur aux salariés: « Le Groupe Punch (…) retire son projet (…) négociations du PSE dès lundi …). Les élus locaux sont aux abonnés absents, ainsi que le PCF, la FI, les organisations syndicales.»

Lundi 8h00, grosse colère à l'intérieur : « si on avait su on aurait ... ». Aucun soutien extérieur à la porte, sauf la lecture du communiqué du NPA qu'aucun média n'a repris.

Après trois jours de négociations, l'intersyndicale signe le PSE. Les salariés présents applaudissent. Le travail reprend aussitôt.