Ce lundi 21 novembre, cela fait 35 jours que les auxiliaires de vie de l’agence Domidom de Caen sont en grève. Le noyau dur des grévistes, une dizaine d’auxiliaires, tient bon.
Il s’est même endurci. Plusieurs se sont syndiquées. Elles sont de plus en plus nombreuses à prendre la parole dans les rassemblements, les rencontres militantes (comme notre fête locale), à discuter avec les passants qui déposent quelques sous dans la caisse de grève ou à offrir à manger. Car depuis 35 jours le soutien ne faiblit pas. Les grévistes reçoivent même des plats chauds, tout juste sortis du four, d’un habitant des environs qui s’est donné pour mission de les ravitailler ! C’est comme si à elles seules, les grévistes de Domidom représentaient la revanche de toute une profession.
Large sympathie
Ce soutien n’est pas tombé du ciel. Certes, le sigle Orpea, la maison-mère de Domidom, qui paie les salaires des auxiliaires, met tout le monde d’accord contre lui, mais c’est d’abord l’énergie que les Domidom mettent à faire connaître leur grève qui leur vaut cette large sympathie. Elles occupent les médias locaux et les réseaux sociaux. Elles assistent à tous les rassemblements, toutes les manifestations, comme la marche pour le climat du samedi 12 novembre. Vendredi dernier, elles ont rendu visite à d’autres grévistes, ceux de l’entreprise Signature qui fait de la signalisation routière. Eux aussi travaillent dans une petite agence. Eux aussi dépendent d’un grand groupe (Vinci). À eux aussi on n’a proposé que des clopinettes comme augmentation : un malheureux 1 %… Mais ce lundi, ils ont fini par décrocher 4 % d’augmentation générale et 2,5 % d’augmentation individuelle. Comme quoi la lutte paye ! Et depuis la visite de vendredi, un magnifique bidon-brasero des gars de Signature est venu réchauffer le piquet des Domidom, suggérant qu’elles pourraient bien tenir l’hiver entier dehors !
En attendant, elles poursuivent la recherche opiniâtre de contacts avec d’autres auxiliaires de vie, Domidom ou non. Car, du point de vue des auxiliaires de vie, toutes les enseignes du secteur se ressemblent : mêmes salaires au ras des pâquerettes ou en-dessous, mêmes conditions de travail nocives pour la santé, même indifférence au sort de celles que le pouvoir et les patrons ont hypocritement encensées pendant la pandémie, en s’imaginant qu’il suffirait de quelques applaudissements pour rétribuer leurs efforts. Le compte n’y est toujours pas, même avec une indemnité kilométrique relevée et quelques dizaines de centimes de plus sur le taux horaire brut ! Orpea va devoir passer vraiment à la caisse.