La vague de répression syndicale, orchestrée par les politiques répressives et pro-patronales du gouvernement d’Emmanuel Macron, frappe désormais une militante de la CGT, Ana Fernandez, dans le Loir-et-Cher. Loin d’être anecdotique, il s’agit d’un cas d’école de répression syndicale. Soyons solidaires d’Ana Fernandez !
C’est en 2020 que plusieurs aides à domicile, salariées de l’ADMR (Aide à domicile en milieu rural), ont entamé une grève illimitée pour de meilleurs salaires et des indemnisations kilométriques.
Une section combative dans un secteur féminisé
Une section syndicale CGT a alors été créée et un conflit de plusieurs mois a opposé les aides à domicile à leur employeur. Bien que ce conflit n’ait pas abouti à une victoire totale des revendications, la mise en place d’une section syndicale combative reste remarquable. D’autant plus qu’il s’agit d’un secteur où il est particulièrement difficile de revendiquer et de s’organiser, du fait de l’éparpillement des salariéEs dans le département sans lieux de rassemblement, et de la précarité des contrats et du statut1.
Précarisées et féminisées, les travailleuses de l’ADMR sont pourtant essentielles, surtout dans un département rural comme le Loir-et-Cher où la destruction des services publics de santé de proximité fragilise particulièrement une population vieillissante. Dans ce contexte, le soin aux personnes âgées repose sur des solidarités intergénérationnelles et sur les travailleuses précaires de l’ADMR ! La construction d’une telle section syndicale était donc plus que nécessaire.
L’ADMR déjà condamnée
Au-delà de ce premier combat syndical, les aides à domicile de la CGT ADMR 41 ont mené plusieurs autres luttes syndicales par la suite, concernant les salaires, les conditions de travail, et les voitures de service. Le combat entamé en 2020 ne s’est d’ailleurs pas complètement arrêté avec la fin de la grève. Certaines revendications, en particulier celles concernant le glissement des tâches2, ont été entendues et ont conduit à une condamnation de l’ADMR aux prud’hommes, avec une obligation de verser des dommages et intérêts aux salariées concernées en 2023, condamnation confirmée en 2024. De plus, la section est actuellement engagée dans une procédure judiciaire pour faire reconnaître les heures de trajet non rémunérées comme du travail dissimulé. Bien engagée, cette procédure devrait aboutir à une victoire pour les salariées et le syndicat au tribunal de Blois le 1er avril 2025. Cette décision serait en plus favorable à l’amélioration des conditions de travail de toutes les travailleuses de l’ADMR en France.
C’est dans ce contexte syndical favorable à la section CGT que la répression s’abat sur l’une de ses porte-paroles, Ana Fernandez, déléguée syndicale à l’ADMR 41. En effet, à la fin de l’hiver, des syndicalistes de la section CGT ont été convoquéEs pour être auditionnéEs dans le cadre d’une enquête interne à leur encontre, avec des sanctions allant jusqu’au licenciement.
Syndicat jaune et harcèlement : un cas exemplaire à l’ADMR 41
Après ces convocations, la situation a pu s’éclaircir. Les syndicalistes CGT, en particulier Ana, sont accuséEs par des salariées, en réalité des syndicalistes de la CFTC, de harcèlement. Pourtant, aucun élément factuel n’a été présenté aux syndicalistes CGT, et encore moins à Ana, lors de leurs convocations. Rien d’étonnant lorsqu’on connaît le contexte dans lequel se trouve l’ADMR, mais aussi dans le fait que la CFTC est essentiellement composée de membres de la direction de l’association. Cependant, malgré le manque d’éléments tangibles pour étayer l’accusation contre Ana, le CSE, à majorité CFTC, a demandé son licenciement le 13 mars 2025.
L’utilisation de l’accusation de harcèlement à l’encontre de sections syndicales combatives par le patronat, ou ses extensions « syndicales », n’a rien d’inédit. L’an dernier, le syndicaliste Christian Porta, cégétiste de Metz, avait déjà été accusé de harcèlement alors qu’il préparait une grève pour les salaires. Cet événement s’inscrit dans un contexte de répression accrue depuis les mouvements contre la réforme des retraites de 2023, tant à l’encontre des sections syndicales les plus combatives que contre le mouvement social en général.
Il est donc essentiel de dénoncer la politique de répression syndicale menée par la direction de l’ADMR 41, visant clairement à décapiter la section CGT en licenciant Ana, ainsi que les méthodes de la CFTC ! Soyons présentEs le 1er avril 2025, devant le tribunal de Blois, pour soutenir la section syndicale ! Manifestons notre solidarité avec Ana Fernandez !
Anne Cravero
- 1. Pour une analyse plus fine, voir Christelle Avril, Les aides à domicile. Un autre monde populaire. Éditions La Dispute, 2014.
- 2. Le glissement des tâches est de faire accomplir des tâches demandant un niveau de qualification spécifique et un salaire en adéquation à des salariéEs n’ayant pas cette qualification spécifique reconnue et, par conséquent, ne recevant pas le salaire adéquat.