Depuis le 2 novembre, les 20 factrices et facteurs de Carhaix sont en grève. La raison ? Depuis la dernière réorganisation mise en place début octobre, qui s’est traduite par la suppression de deux tournées (sur 17), les conditions de travail se sont nettement dégradées.
Les tournées sont de fait plus longues et plus chargées, ce qui empêche la distribution de la totalité du courrier sur le temps de travail. La solution trouvée par la direction ? Tout bonnement ne plus payer les heures supplémentaires !
Des cadres pour briser la grève
Les agents ont donc décidé de poser la sacoche. Leur principale revendication : la récupération d’une tournée sur le site, en gardant une durée hebdomadaire de 42 heures pour l’ensemble des tournées. En effet, au 17e jour de grève, les grévistes se sont vu proposer la mise en place d’une tournée supplémentaire, mais avec un régime de travail au rabais (39 heures hebdo)… qui équivaut à 15 tournées sur l’actuelle organisation. Évidemment, ce mauvais tour de passe-passe ne prend pas, et la détermination est intacte.
Pourtant, La Poste utilise tout son savoir-faire pour pourrir le conflit. Le directeur d’établissement, qui n’a aucune marge de négociation, a été longtemps le seul interlocuteur des grévistes. La directrice territoriale n’a pas encore daigné les recevoir. Une cinquantaine de cadres ont été envoyés du Finistère, du Morbihan et des Côtes-d’Armor pour casser la grève. L’un d’eux ne s’est d’ailleurs pas limité au cassage de grève, puisqu’il a frappé au visage un des participantEs à la manifestation interpro du 16 novembre, au moment où la manif était venue affirmer sa solidarité sur le piquet de grève. Une plainte a été déposée.
Une tradition de défense des services publics
Mais il est une donnée que la direction territoriale (qui réunit les départements du 29 et du 56) a oublié de prendre en compte : la tradition de lutte en défense des services publics, vivace à Carhaix, comme l’avait démontré la formidable mobilisation pour le maintien de l’hôpital en 2008. Le 18 novembre, plus de 200 manifestantEs ont parcouru les rues de la ville. Outre les syndicats Sud-PTT et CGT, le NPA (notamment notre camarade Matthieu Guillemot, élu municipal d’opposition), le PCF et La France insoumise étaient présents, ainsi que le maire, Christian Troadec. La Poste, qui comptait sur un essoufflement, en est pour ses frais !
Édouard Gautier