Engie, c’est anciennement GDF-Suez, groupe industriel énergétique français, concurrent d’EDF sur les marchés de l’énergie, le troisième plus grand groupe mondial dans le secteur... Son principal actionnaire est l’État français qui détient un tiers du capital. La direction a programmé 1 900 suppressions de postes d’ici 2019 sur les 25 000 que compte la partie « énergie » du groupe en France.
Restructuration tous azimuts
Il s’agit de la mise en œuvre d’un vaste plan de transformation et d’économies sur trois ans, avec l’objectif de devenir d’ici à 2018 le leader mondial de la transition énergétique. Cette réorganisation est basée sur une numérisation de ses activités et un recentrage sur les énergies renouvelables avec comme objectif 1,2 milliard d’économies. La CGT a calculé que 10 000 salariéEs dans le monde pourraient être touchés par le plan, sur un effectif global de 160 000 personnes.
Cela impose de supprimer des postes dans les activités de relation clientèle avec les particuliers (600) et les entreprises (200), avec un transfert d’activités vers des prestataires qui délocalisent dans des pays à faible coût de main-d’œuvre, en particulier au Maroc, à l’île Maurice ou au Portugal.
De plus, 120 postes disparaîtront dans l’exploration-production d’hydrocarbures, que le groupe cherche par ailleurs à céder, 200 dans les services informatiques, 100 dans le négoce et 80 dans le stockage de gaz assuré par sa filiale Storengy.
La direction du groupe annonce, elle, 312 suppressions de postes dans son siège français, en tenant compte de créations de postes envisagées.
À la recherche de compromis
Selon les syndicats, des négociations sont déjà en cours sur les mesures d’accompagnement et la restructuration de ses fonctions support (RH, juridique, marketing, finances...). Pour la direction, « Cette évolution reposera sur le seul principe du volontariat et ne conduira à aucun licenciement »... Le plus gros des suppressions de postes sera réalisé via des départs volontaires, des mobilités internes et des retraites anticipées d’ici fin 2018 à hauteur de 416 salariéEs en France, 126 en Belgique, et 76 au Royaume-Uni, où tout l’effectif sera impacté et la structure fermée.
Parallèlement, 114 créations de postes sont prévues, essentiellement en France (104).
Le groupe table prioritairement sur « la mobilité interne et la formation » pour accompagner ces suppressions de postes, avec un budget formation pour le siège « multiplié par trois », ainsi que sur des départs en retraite anticipés qui pourraient concerner environ 250 salariéEs. Le plan de départs volontaires (PDV) qui sera ouvert « n’est pas un dispositif central », selon le directeur des ressources humaines.
Pour la CGT et la CFDT, ce PDV est une première dans cette entreprise historique des industries électriques et gazières (IEG). La CFE-CGC, premier syndicat chez Engie SA, déclare être attentive au sort des salariéEs qui restent, « aux efforts de formation et d’adaptation » mis en œuvre. Pour la CFDT, il était « utile de remettre à plat » l’organisation du siège, mais il aurait fallu « ajuster les choses plus tôt » et plus progressivement « pouvoir maintenant faire les choses correctement » pour les salariés concernés...
La direction, qui se refuse à un chiffrage global des suppressions d’emplois, s’est engagée à ce qu’il n’y ait aucun licenciement : une grande partie des salariés concernés bénéficieront de la retraite anticipée, du transfert dans une autre entité ou des avantages liés au plan de départ volontaire ouvert jusqu’à fin février 2018 pour les salariés du siège. Les syndicats redoutent des départs contraints pour celles et ceux qui, à cette date, n’auraient pas choisi celui-ci.
Attention, on va se fâcher !
Pour la CGT du groupe, jusqu’à présent, aucun agent du groupe « ne risquait d’être poussé dehors. Nous allons non seulement perdre des compétences, car ceux qui voudront partir sont ceux qui auront trouvé un autre emploi chez un concurrent. Les autres vont subir une forte pression psychologique pour les forcer à quitter le groupe ». Et dans le cas où le plan de départ volontaire ne serait pas rempli, la CGT craint que « la nouvelle étape ne soit des licenciements secs ». Ce qui serait « inacceptable ».
Pour l’instant, les syndicats passent dans les services pour analyser les conséquences de cette réorganisation sur les conditions de travail des agents et vérifier si la baisse d’activité correspond à la baisse d’effectifs. « S’il n’y a pas d’inflexion de la part de la direction, nous aviserons », prévient la CGT…
Dans cette entreprise, issue de l’historique EDF-GDF, dans laquelle le dialogue social était au cœur de la politique industrielle et sociale, la violence des attaques impose, plus que jamais, un changement de stratégie syndicale.
Robert Pelletier