Des dizaines et des dizaines (plus de 200 à l’échelon national) de sites occupés et bloqués : C’est dire l’importance du mouvement en cours chez les salariéEs des réseaux de distribution d’électricité (Enedis, filiale d’EDF) et du gaz (GRDF, filiale d’Engie). La grève touche aussi des sites de production d’électricité d’EDF, y compris des centrales nucléaires.
C’est le mouvement le plus important dans le secteur depuis 10 ans. La mobilisation impulsée par la CGT-énergie a commencé en avril, en convergence avec la lutte des cheminotEs et sur les revendications des salariéEs de l’énergie, c’est-à-dire sur les salaires, le maintien des emplois, des conditions de travail correctes et la défense du service public.
Privatisations et nouvelles méthodes de gestion
Le service public est en effet attaqué de tous les côtés. Il y a d’abord les privatisations. Le 7 février dernier, le gouvernement Philippe a acté la privatisation du secteur hydroélectrique français : d’ici 2022, 150 des plus grands barrages (plus de 20 mètres de haut) devraient être vendus. Le gouvernement français dit qu’il est obligé de se plier à une injonction de la Commission européenne, mais d’autres États-membres y ont résisté par des biais juridiques divers. La loi Pacte ouvre quant à elle la possibilité d’une privatisation totale d’Engie au mépris de tous les engagements de l’État. Souvenons-nous que lors du débat sur la transformation de GDF en société anonyme, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Économie, déclarait devant l’Assemblée nationale : « EDF-GDF ne sera pas privatisée, ni aujourd’hui ni demain ». On peut donc craindre pour l’avenir d’EDF même si le gouvernement jure ses grands dieux que la privatisation n’est pas à l’ordre du jour.
S’ajoutent à ces dangers les nouvelles méthodes de gestion qui, non seulement suppriment des emplois, mais ont des conséquences négatives pour les usagerEs. Il y a le compteur Linky, mais aussi les fermetures d’agences qui permettent le contact avec la population.
Une agence réouverte à La Courneuve
Des militants CGT ont ainsi occupé la dernière agence EDF d’Île-de-France pour protester contre sa fermeture, à la Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Cette agence est fermée depuis le 1er mars au profit du contact téléphonique ou via internet, ce que dénonce à juste titre la CGT. Un accueil des usagers y a été organisé. EDF, jointe par France Bleu Paris, a confirmé une fermeture « progressive » de tous ses accueils physiques en France, au motif qu’ils ne sont plus assez fréquentés. Comme le déclarait alors un usager qui s’est présenté à La Courneuve pour régler un problème de factures impayés : « Franchement, tout le service public, ça va mal, on ferme les agences et on passe son temps au téléphone, on dirait qu’on parle à une machine ». Eh oui, le service public, ça va mal, ça se dégrade, mais sa crise est organisée pour préparer l’opinion à accepter la privatisation. Et les seuls qui y gagneront, ce seront les actionnaires : la maison-mère de GRDF, Engie, a distribué 29 milliards d’euros de dividendes entre 2009 à 2017.
Quels que soient les désaccords que nous pouvons avoir sur l’avenir du nucléaire avec la CGT, il est clair que la lutte des salariéEs pour leurs revendications et un grand service public de l’énergie concerne non seulement les salariéEs de la branche mais aussi toute la population !
Henri Wilno